Article rédigé par , le 03 janvier 2020
Le dernier ouvrage du Père Cédric Burgun commence par cette citation magnifique de Bernanos, dans le Journal d’un Curé de campagne : « La parole de Dieu ! c’est un fer rouge. Et toi qui l’enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l’empoignerais pas à pleines mains ? Laisse-moi rire. »
Et c’est bien d’une brûlure qu’il s’agit dans ce livre, la brûlure du sacerdoce dans un monde qui ne comprend plus l’immense sacrifice du prêtre et le combien plus immense sacrifice du Christ, quand il ne l’accuse pas d’être la source de maux terribles comme la pédophilie ou les abus sexuels.
L’exercice est difficile, et il le reconnaît lui-même, pour un prêtre entre Metz et Paris, qui a la chance de vivre au contact de la fine fleur des séminaristes français, et de partager son temps entre la pastorale et l’enseignement du droit canon ; il est d’autant plus méritoire.
Dans ces pages, le Père Burgun nous donne à lire un témoignage empreint à la fois de gravité, de sérénité et de lumière, qui permet de rappeler utilement quelques fondamentaux et de reprendre de la hauteur. Dans la manière dont il aborde, par exemple, la question sensible du célibat des prêtres. On ne sortira pas de la polémique stérile « pour ou contre le mariage des prêtres » en réduisant la question du célibat du prêtre à une question de pratique ou non de la sexualité, en confondant la « privation », le « manque », avec le renoncement en vue du don entier de la personne. Il constate, avec beaucoup de finesse, que l’écartèlement géographique auquel sont soumis les prêtres aujourd’hui, leurs rotations et leurs mutations, ne les aident pas à créer les liens affectifs d’attachement humain à une paroisse et à ses fidèles qui donne, aussi, son sens à leur engagement.
Du temps de Bernanos, justement, on était le prêtre d’une paroisse pour une vie entière, comme on est le mari d’une femme pour la vie. Les pages du Père Burgun sur la question de la femme sont aussi très profondes : la récurrence, qui vire pour certains à l’obsession, de la question de la place de la femme dans l’Eglise vient de l’obstination répandue à considérer que les rôles respectifs de l’homme et de la femme sont des rôles purement sociaux et culturels, donc potentiellement interchangeables, sans voir en eux l’altérité fondatrice de notre humanité.
Dans ses dernières pages, le Père Burgun convoque l’exemple du Père Hamel, prêtre martyr de notre temps. C’est la plus belle manière de rendre hommage à la figure du prêtre, en rappelant quel doit être l’ultime accomplissement de tout chrétien : le partage du sacrifice de la Croix et la sainteté. Le sacerdoce est le plus beau des chemins pour y parvenir.
https://www.livresenfamille.fr/spiritualite/18020-cedric-burgun-sissi-l-inconnue-du-lac-de-stornberg.html?search_query=burgun&results=3 Le Cerf 2019 240 19,00 Non 19,00 €