Article rédigé par Marion Duvauchel, le 27 décembre 2019
Source [Marion Duvauchel] Le triste gouvernement d’Emmanuel Macron pourrait presque nous faire oublier celui qui l’a précédé, si François Hollande ne continuait d’apparaître, ici et là, invité d’honneur des plateaux de télévision, (récemment sur Arte) enveloppé de niaise fatuité et de la prodigieuse certitude d’avoir à son actif un mandat fantastiquement réussi.
Qu’on nous permette de revenir sur une des réformes les plus funestes de ce mandat merveilleux : celle qui, pour de prétendus raisons économiques, a fusionné des départements de France.
On se souvient que la composante celtique est une composante majeure du peuplement ancien de notre pays. Au premier siècle, ces Celtes y sont alors en voie de fixation et constituent une espèce de tampon entre la barbarie et la civilisation, c’est-à-dire entre les peuples fixés et les peuples instables, (différenciation moins tranchée que la distinction traditionnelle entre peuples sédentaires et peuples nomades).
La question historique qui se pose alors est la suivante : les Celtes feront-ils bloc avec les autres barbares, (les peuples mouvants eussent allongés leur flot jusqu’aux rivages méditerranéens et jusqu’aux murailles de Marseille) ou ces Gaulois entreront-ils dans le monde civilisé, faisant front avec les Romains contre la Germanie ? César trancha la question. Car sur ce point comme sur bien d’autres, les Gaulois étaient profondément divisés. Les uns cherchaient un appui en Germanie, contre leurs propres compatriotes ; les autres le cherchaient à Rome.
La Gaule n’aurait pu préserver son indépendance que si elle était restée unie. Mais elle est au contraire divisée en une soixantaine de peuplades que les Romains appellent des « cités », (qui apparaissent davantage comme des groupements instables). Ces peuples sont des confédérations de tribus, que les Romains appellent « pagi », ce qui a donné « pays ». On disait encore dans les campagnes il n’y a pas si longtemps : mon pays, ou ma payse, pour parler de celui qui venait du même petit coin de France.
Or, ces « pays »gaulois correspondent encore aujourd’hui pour la plupart à ceux qui font encore la variété unique du terroir français. Et que la réforme de François Holland a contribué à effacer progressivement de la carte administrative. Donc à terme, de la mémoire des Français.
Si l’on ajoute à cela le nouveau vide réajusté des programmes d’histoire, grâce à la réforme de Monsieur Blanquer, on aura une petite idée de ce qui se prépare dans la pseudo fabrique de citoyenneté qu’est devenue l’école de la République, gigantesque fable qui ne trompe plus que les naïfs ou les menteurs. Comprenez : d’un côté les parents qui ont encore accès à un peu d’éducation, (ceux qu’on appela un jour « les héritiers »), et de l’autre, ceux qui n’ont aucune idée des enjeux réels de l’étude de l’histoire et de la transmission de la mémoire historique d’un pays. Parce que tout simplement, eux-mêmes n’y ont pas eu accès puisque le programme qui consiste à décerveler méthodiquement la jeunesse française a déjà une bonne cinquantaine d’années derrière lui.
Nous en voyons les fruits : illettrisme, barbarie, violence, stupidité, langage ordurier. Et les métiers de professeur, d’infirmier, sans doute bientôt de médecin sont devenus des métiers à haute pénibilité.
Comment expliquer que le précédent président de la République ose encore se présenter avec aplomb sur les plateaux de télévisions ?
Réfléchissez. Le 27 décembre dernier, c’est tout récent, les médias évoquaient le scandale d’un certain Gabriel Matzneff, pédophile connu et publiquement assumé. Seule une canadienne osait alors exprimer sa réprobation. Madame Denise Bombardier. Merci et chapeau bas. Vous avez sauvé l’honneur de la France. L’affaire nous est aujourd’hui présentée comme une grande découverte liée au témoignage courageux d’une jeune femme abusée à l’âge de quatorze ans. La chaîne semble révéler le poids et la responsabilité du milieu littéraire qui avait alors fait la promotion de la pédophilie. En 1990, Matzneff avait été l’invité de la célèbre émission Apostrophe. Le présentateur télévisé souligne que Monsieur Bernard Pivot n’a pas jugé bon de se prononcer sur la question. On sait que, à 83 ans, il a décidé de se reposer et de ne plus lire que pour le plaisir. Il fait bien : quand on a manqué de discernement à 50 ans, on n’a aucune chance de le retrouver à plus de 80 ans. Il pourra relire avec profit les œuvres complètes de Matzneff.
Tapez ce nom sur Wikipédia : les faits sont là, décrits précisément, et ce depuis plusieurs années.
Cela n’enlève rien au courage de la jeune femme abusée. Car pour que les médias daignent tourner les feux de leurs projecteurs vers ce triste individu, il a fallu son témoignage. Mais que l’on fasse semblant de découvrir des faits rendus publics depuis des années, preuves à l’appui (l’émission de Pivot en témoigne): n’est-ce pas éblouissant d’hypocrisie ?
Alors, qu’un ancien président de la République connu pour son incurie, son inaptitude, sa formidable nuisibilité et sa vie privée ridicule et dévoyée soit invité en tant qu’expert sur Arte, qui peut encore s’en étonner ?
1990-2020. Trente ans pour ouvrir de lourdes paupières assoupies par l’incomparable immoralité issue des idéologies de Mai 68.
A qui a profité le crime ? Mais aux héritiers ? A qui voulez-vous ?