Article rédigé par François Billot de Lochner, le 29 novembre 2019
Mardi, ils sont treize à avoir trouvé la mort au Mali, pendant l’opération Barkhane, dans des circonstances tragiques, au combat, de nuit, lors d’une collision entre deux hélicoptères. Depuis, sur les réseaux sociaux, tournent en boucle leurs treize visages, leur regard franc et déterminé, et leur sourire.
Les déclarations officielles et moins officielles se sont succédé ; l’hommage aux Invalides est programmé. Ce sont des héros, la fine fleur de l’armée française, ce que nous savons former de meilleur. Ils méritent notre reconnaissance, et un profond respect. Qui le leur donnera ? Quel goût de cendres devant tout ce gâchis. Car c’est bien de gâchis qu’il s’agit. Nous ne sommes malheureusement plus à une époque qui sait honorer le prix du sang et l’esprit de sacrifice pour la patrie. Ils sont morts pour la France, mais pour quelle France ? Une France qui, au quotidien, vomit sa haine et son fiel contre tout ce qu’ils représentent, tout ce qui a poussé ces treize héros à s’engager et à courir le risque, un jour, une nuit, de la mort. Ces treize hommes qui ont donné leur vie ont grandi, se sont forgé le caractère et ont mûri leur engagement au nom de valeurs qui sont chaque jour sciemment piétinées par les médias, par une part significative de la classe politique, ou par l’Éducation nationale. C’est presqu’un miracle qu’il en émerge encore, chaque année, pour dire oui à la France et à la grandeur et à la servitude militaire si chère à Vigny.
L’amertume, nous la ressentons aussi en considérant combien ces morts sont en contradiction avec la politique prétendument menée contre le terrorisme et contre le djihadisme sur le sol de France. On nous explique que ces 13 valeureux militaires sont morts « pour nous protéger », au Mali. Mais en France, les portes sont grandes ouvertes à l’islam radical. L’islamisation fait l’objet d’une complaisance maladive de la part des élites politiques et médiatiques. L’on défile dans les rues de Paris pour défendre le port du voile, et l’on débat au ministère de la Justice du rapatriement des djihadistes. Où est la cohérence ? Comment ne pas sentir le ton faussé des remerciements officiels, d’un gouvernement qui n’est pas digne du sens de l’idéal de ces hommes, qui meurent au loin pour lui ?
Le sacrifice de ces 13 braves nous renvoie enfin, bien sûr, aux choix politiques de ceux qui ont décidé ces opérations. François Hollande, devant la presse, se mord les doigts et affirme porter une part de responsabilité dans ces morts, témoignant d'un faux remords consternant. C’est lui qui, en 2014, lançait l’opération Barkhane pour lutter contre les groupes armés salafistes du Sahel. Mais il faut rappeler que ces groupes djihadistes sont venus de Libye et ont été armés avec la dernière des irresponsabilités par son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Les opérations militaires dans cette zone de l’Afrique se succèdent depuis plus de trente ans, et chaque président a contribué à charger la barque. Avec inconscience et idéologie, nos présidents manient l’engagement militaire sans l’assumer dans toutes ses dimensions, et se blanchissent a posteriori par une bonne conscience malvenue.
Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Notre combat politique est de rendre toute leur vérité à ces vers inoubliables de Péguy, car là est la véritable dignité du soldat.
François Billot de Lochner