Article rédigé par Constance Prazel, le 08 novembre 2019
Le parti de Matteo Salvini, la Ligue, vient de remporter une éclatante victoire électorale, lors des élections régionales en Ombrie, avec 57,5% des suffrages. Cette victoire est hautement symbolique, et à plus d’un titre.
Tout d’abord, parce qu’après la chute du gouvernement en août, et la fin de l’alliance entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, le doute pouvait subsister – surtout chez les journalistes français – sur la capacité du chef de la Ligue à rebondir et à tirer son épingle du jeu. Ensuite, parce que l’Ombrie est traditionnellement, depuis des décennies, l’un des fiefs les plus solides de la gauche italienne. Il n’y a cependant rien de très étonnant à cette victoire, en outre légitimée par une affluence record dans les bureaux de vote.
Matteo Salvini, au moment de la rupture de la coalition, pouvait donner le sentiment d’avoir perdu le parti de la pratique gouvernementale. Que pouvait-on bien attendre de l’alliance improbable entre le mouvement de Beppe Grillo, les 5 étoiles, et celui de Salvini ? Un attelage bancal, avec deux chevaux tirant tous deux dans des directions divergentes, et qui n’avaient comme seul objectif commun que de s’échapper à toute vitesse de l’écurie du Parti démocrate. Sans surprise, la coalition a volé en éclats, à la suite de blocages à répétition sur une ligne commune impossible à tenir.
Après la rupture, Salvini comptait sur l’organisation d’élections anticipées et espérait en tirer le plus grand bénéfice, puisqu’il était crédité de près de 40 % des intentions de vote. Cela ne s’est pas produit, puisqu’ une nouvelle coalition s’est reformée, cette fois, sans la Ligue, entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles. Une combinazione d’inspiration gauchiste qui n’avait rien d’enthousiasmant... et qui, sur le terrain de l’Ombrie, a été sanctionnée par les électeurs. Salvini ne peut que bénir ses adversaires politiques de lui avoir préparé le terrain, en détricotant avec méthode sa politique, pourtant infiniment populaire, notamment sur les questions d’immigration. Sitôt Salvini parti, on apprenait en effet que les embarcations de migrants étaient à nouveau autorisées à accoster à Lampedusa.
De cela, les Italiens ne veulent plus, et ils l’ont fait savoir, avec un message politique net et sans bavure. Pour qui se déplace en Italie, la popularité de Matteo Salvini peut quasiment se mesurer à chaque coin de rue… Et sa démonstration de force, à Rome, samedi 19 octobre, permettant à l’ensemble de la droite italienne de se retrouver et de s’afficher ensemble, est venue le prouver à la face des sceptiques.
Pour nous autres Français, le message est clair : la déstabilisation du système en place doit passer par des alliances qui se forgent dans les victoires locales et les scrutins intermédiaires, pour porter tous leurs fruits lors des élections nationales.
Constance Prazel
Déléguée générale de Liberté politique