Article rédigé par RT France, le 24 octobre 2019
Source [RT France] Même si le Parti conservateur PiS, qui conforte sa majorité absolue à la Diète, ne remet nullement en cause l’Union européenne, les élections polonaises du 13 octobre sont un magistral désaveu pour Bruxelles, analyse Pierre Lévy, du mensuel Ruptures.
A la veille des élections générales (Diète et Sénat) qui se sont déroulées le 13 octobre en Pologne, tant la majorité sortante que les oppositions s’accordaient au moins sur un point : ce scrutin allait être le plus important depuis 1989, car il déterminerait non seulement qui allait gouverner pendant les quatre prochaines années, mais aussi le modèle que devrait adopter le pays à long terme. En l’occurrence : ou bien une «démocratie libérale occidentale» conforme au profil préconisé par l’UE, ou bien un système basé sur un pouvoir fort (certains disent «autoritaire»), sur un Etat providence puissant, et sur des valeurs centrées autour de la famille et de la nation.
La victoire écrasante du PiS (Parti Droit et Justice, conservateur) sortant a permis à ce dernier d’annoncer qu’il allait mener une nouvelle étape de son action entamée il y a quatre ans, ce qui s’inscrit dans la seconde perspective. Certes, ce succès était attendu, mais avec 43,8% des suffrages, les amis de Jaroslaw Kaczynski, l’homme fort du PiS, s’assurent à nouveau la majorité absolue à la Diète (ce qui était l’incertitude du scrutin) et progressent même de 6,2 points par rapport à leur score de 2015.
Quatre autres partis seront représentés au Parlement, à commencer par la plateforme KO (coalition civique) formée autour du parti PO (plateforme civique, droite libérale), éternel rival du PiS, qui a attiré 27,2% des électeurs. Concourrant seul en 2015, PO avait obtenu 24,1% des voix.
Pour sa part, la coalition baptisée «Gauche démocratique» (avec notamment les sociaux-démocrates) rassemble 12,5% des suffrages, un gain de 5 points qui permet à celle-ci de réintégrer les bancs de la Diète. De son côté, le parti agrarien PSL passe de 5,1% à 8,6%.
Enfin, avec 6,8%, une nouvelle formation siègera à la chambre basse : la Confédération Liberté et Indépendance, classée à l’extrême droite, a mobilisé sur la base d’un mélange libertarien d’ultra-libéralisme (suppression des impôts et des cotisations sociales) et de nationalisme exacerbé.
Les dirigeants du PiS peuvent d’autant plus se réjouir que leur parti a non seulement fait le plein dans son bastion traditionnel – la Pologne de l’Est, plus pauvre, plus rurale, plus traditionaliste – mais aussi dans les régions situées à l’ouest et au nord, souvent décrites comme la Pologne riche et moderne. La KO ne devance le PiS que dans quatre grandes villes (dont Varsovie), et doit s’incliner même dans ses fiefs, notamment les régions frontalières de l’Allemagne.
En outre, les enquêtes montrent que le PiS est en tête dans toutes les classes d’âge, y compris donc les plus jeunes. Une partie de sa campagne s’appuyait sur la défense des «valeurs traditionnelles», par exemple en mettant à l’index les revendications homosexuelles.
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