Article rédigé par KTO, le 14 octobre 2019
Source [KTO] Pour s’approcher de cette figure, KTO a interrogé le père Jean-Robert Armogathe, historien, théologien, cofondateur de la revue catholique internationale Communio, qui vient de publier un ouvrage sur le cardinal.
KTO : Le XIXème siècle paraît bien loin et que peut bien dire le cardinal Newman à nos contemporains, chrétiens ou non ?
Père Jean‑Robert Armogathe : 1801-1890, la vie de Newman couvre tout le xixe siècle. Et ses références intellectuelles sont davantage des auteurs anglais ou écossais que des continentaux (Descartes ou Kant). Mais les « piliers » de sa vie sont intemporels – et donc proches de nous : l’Écriture et la Tradition comme sources de la Révélation, l’Église comme peuple de Dieu, les dogmes dans leur développement historique, la foi comme vérité rationnelle. Sa lecture des Pères de l’Église fut décisive pour sa formation intellectuelle. Comme anglican aussi bien que comme catholique, il fut un des premiers théologiens « modernes ». Son approche de la foi rejoint des positions philosophiques contemporaines, qui s’adressent aux croyants comme aux incroyants. Il a une conception organique de la foi : la certitude que donne la foi est tout aussi forte que celle de la raison, bien que d’une autre nature. On a pu dire qu’il fut un précurseur – et en tout cas un inspirateur – de Vatican II.
Quel rapport voyez-vous avec les circonstances de cette canonisation, ce Mois missionnaire extraordinaire ? Qu’expriment ainsi l’Église et le pape François ?
Newman n’a jamais été évêque, et il est devenu cardinal à 78 ans, après avoir connu bien des déboires. On l’a pris comme patron des universités catholiques, mais la création d’une université en Irlande fut pour lui, pendant cinq ans, un insupportable pensum ! Pour le milieu romain, il était trop humaniste, trop intelligent, trop original, bref : trop anglais – et c’était un converti ! Or la mission commence à l’intérieur de l’Église, et le besoin de conversion n’est pas seulement celui de changer de religion ! Et toutes les « périphéries » ne sont pas seulement géographiques ! Newman missionnaire, oui – auprès des milieux intellectuels qui ne prennent pas au sérieux la proposition chrétienne. Pour retrouver une raison qui dépasse l’étroite raison positiviste sans renoncer à sa nature de raison, Newman ouvre la voie.
Retrouvez l'intégralité de l'interview en cliquant ici ainsi que la vidéo de la messe ci-dessous :