Article rédigé par Causeur, le 23 septembre 2019
Source [Causeur] De « terribles » images ressorties du passé reviennent en pleine figure de Justin Trudeau, idole mondiale du multiculturalisme. Quand on est blanc, chantre de l’antiracisme et dirigeant du premier État « post-national », mieux vaut ne pas s’être déguisé en Aladin dans sa jeunesse. Ce type de phénomène stupide gagne d’autres pays occidentaux.
Quand les prêcheurs de morale se font prendre le doigt dans le pot de confiture, leurs cibles habituelles du vieux monde peuvent brièvement jubiler. Quand une photo de Justin Trudeau, le visage grimé de noir, déguisé en Aladin est publiée dans le magazine Time, on hésite entre l’arroseur arrosé ou le singe qui veut monter au cocotier…
Justin Trudeau n’est pas un militant ordinaire de l’antiracisme, mais le premier ministre du Canada qui a porté à son paroxysme le multiculturalisme comme une nouvelle religion d’Etat. Depuis 1988, le multiculturalisme est inscrit dans la loi canadienne. Selon ses déclarations au New York Times, « Le Canada n’a pas d’identité profonde, d’identité commune ou dominante […] ce qui fera du Canada le premier État post-national1 ». Et dans sa bouche, cela constitue un atout incontestable dans le grand brassage multiculturel qu’il appelle de ses vœux : « Les pays avec une identité nationale forte éprouvent des problèmes à intégrer les immigrants qui viennent de partout ». Donc débarrassons-nous de notre identité pour faire place à celles des cultures des allochtones !
Ce genre de déclarations, sa volonté d’incarner le Bien en toute circonstance, ainsi que sa propension à larmoyer en public, en ont fait une icône internationale aux yeux des médias, l’anti-Trump sur le continent nord-américain, l’ami de Merkel, celle qui ouvre grand ses frontières, ”le politicien le plus sexy de la planète” selon, non pas les tabloïds The Sun ou Bild, mais le très austère quotidien allemand Die Welt.
Sa relative chute médiatique a commencé avec une catastrophique visite en Inde (l’invitation d’un ex-terroriste séparatiste indien à un dîner officiel et le port de tenues traditionnelles indiennes), puis, plus récemment, avec l’affaire SNC-Lavalin où il a été accusé de faire pression sur la justice.
Face à ce cliché embarrassant, « Justin Kumbaya Trudeau » comme l’appelle Richard Martineau, un chroniqueur du Journal de Montréal, a présenté ses plus profondes excuses, ajoutant que « la photo était raciste mais qu’il n’en avait pas conscience à l’époque ». Cette phrase mérite que l’on s’y arrête un instant. En clair, de son propre aveu, Trudeau était raciste en 2001, à 30 ans, un âge où normalement les convictions politiques sont déjà bien ancrées. Ce qui fait que beaucoup au Canada dénoncent son hypocrisie: leur premier ministre « serait nu » ou aurait des convictions à géométrie très variable.
En réalité, Trudeau n’était pas plus raciste hier qu’aujourd’hui. Le jeune adulte de 2001, professeur à l’époque, avait raison de vouloir rire et s’amuser, comme il y a un demi-siècle, on jouait sans malice aux cow-boys et aux indiens.
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