Article rédigé par agoravox.fr, le 10 septembre 2019
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Boris Johnson a deux défauts principaux : le premier c’est qu’il n’est pas sans ressembler physiquement à Donald Trump, ce qui lui vaut force caricatures toutes plus méchantes les unes que les autres (dans une époque où il est devenu impossible d’évoquer la moindre particularité physique sans être assimilé au Diable, c’est assez cocasse). Son second défaut est qu’il préfère assumer courageusement la décision démocratique des sujets britanniques plutôt que de se vautrer dans les mamelles de Mammon et de protéger sa petite rente de situation.
Le choix du Royaume-Uni est le suivant : écouter le choix du peuple et défier la clique bruxelloise quitte à ne faire que des perdants, ou écouter les « élites », jouer la montre, les atermoiements et finalement abdiquer devant les diktats de Bruxelles. M. le Premier Ministre britannique est plutôt déterminé et souhaite réellement que la comédie de la sortie de son pays de l’Union Européenne se fasse, quitte à renvoyer chacun à ses responsabilités. Rien de tel pour épouvanter les technocrates non élus bruxellois et les banquiers d’affaires de la City, lesquels n’ont pas appris durant leurs études à faire face au cas d’une personne qui fait passer son honneur avant ses intérêts. Pour eux, les « négociations » ne s’entendent que dans un cadre policé et avec leur victoire assurée du fait de leur QI supérieur. D’où l’effroi et le vent de panique qui soufflent sur le vieux continent.
Rendez-vous compte : le Premier Ministre entend mettre en œuvre la sortie de son pays de l’Union Européenne, désirée majoritairement par ses concitoyens et pour se faire souhaite empêcher que ne s’y oppose ses pires ennemis : les « représentants » du peuple qui n’ont eu de cesse que de mettre les bâtons dans les roues à son prédécesseur, afin d’éviter que le fameux « Brexit » n’ait lieu. D’où les nues auxquelles les portent nos médias lesquels sont contre le Brexit.
Ainsi survient la jacquerie médiatique dont est victime Boris Johnson, plus d’ailleurs sur le continent qu’en Albion. Nos médias, qui ne sont plus à une contradiction près, estiment donc que la décision d’ajourner la session du Parlement Britannique est anti-démocratique ; et de faire des lamentos sans fin sur le sujet. Expliquant que décidément l’axe du mal n’est plus ce qu’il était : désormais le diable a trois visages : Trump, Bolsonaro et Johnson. Poutine n’est plus qu’au purgatoire, en compagnie de Maduro, en attendant mieux (Macron jouant le rôle de l'évêque Cauchon dans l'histoire).
Le raisonnement CQFD de la presse est le suivant : ne pas donner voix au chapitre à des représentants qui, au deux tiers, sont contre la décision souveraine du peuple britannique, est faire preuve d’un dangereux penchant dictatorial, donc B. Johnson est un dictateur en puissance.
Oui, vraiment : il vaut mieux laisser le Parlement s’exprimer et être bien sûr que, de guerre lasse, cette histoire de Brexit s’évanouira et deviendra une victoire à la Pyrrhus ; que dès que les britanniques se diront « décidément, il est impossible de sortir de l’Europe ! Et ce ne sont pas ces nuls de policards qui y arriveront », un nouveau référendum interviendra – comme par magie – et donnera – comme par miracle - le « remain » gagnant à 55% de vote, même avec 80% d’abstention. Ce sera là une belle victoire de la démocratie selon le microcosme journalistique. On expliquera alors doctement que ce référendum est plus démocratique de l’autre, quand bien même deux fois moins d’électeurs s’y seraient rendus.
C'est oublier un peu vite que la Reine n’a rien trouver à redire à la demande de M. Johnson, ce qui n'est certes pas un aveu de soutien, mais n'implique pas l'inverse non plus ; pas plus que les plus hautes juridictions Ecossaises (que l’on ne peut suspecter de faire l’apologie du Brexit).
Je suis atterré du niveau de bêtise journalistique. Aucune information issue d’un journal ne fait preuve d’un minimum d’objectivité dès qu’elle touche de près ou de loin au domaine politique. Toutes passent au filtre de l’idéologie libérale et pas un ne recule devant les pires absurdités. Ainsi pour le Brexit, on a cité un docteur qui invoquait la « possible pénurie de médicament en cas de sortie de l’Europe ». On se demande bien comment on soigne les gens dans les pays qui ne font pas partie de l’UE ; et quel ne doit pas être leur taux de mortalité ! Malgré tout, proférer cette sottise revient à dire « nous n’avons pas d’arguments, mais nous espérons qu’en tapant sur des casseroles, nous effraierons la population ». Ce qui, outre l’aveu d'absence d'arguments, est faire preuve d’un cynisme absolu, si on veut bien se rappeler que la France est, elle, en pénurie réelle de certains médicaments du fait de, je cite, « la délocalisation de la production des laboratoires pharmaceutiques ». Plus c’est gros, plus ça passe.
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