Macron brade les Îles éparses à Madagascar
Article rédigé par Causeur, le 18 juin 2019 Macron brade les Îles éparses à Madagascar

Source [Causeur] Emmanuel Macron a décidé de restituer les Îles éparses à Madagascar d’ici le 26 juin 2020 malgré leur richesse en hydrocarbures. Un tel cadeau laisse perplexe. Pour repenser notre politique étrangère, en lieu et place de la Françafrique de papa, Haja Rasolonjatovo, porte-parole du mouvement République souveraine que préside Djordje Kuzmanovic, plaide pour la création d’une union économique francophone. 

Depuis plusieurs jours, le sujet des Îles éparses se retrouve au cœur de l’actualité. Le dossier était pourtant brûlant depuis longtemps. Dès 2009, le président malgache Marc Ravalomanana affirmait que la volonté de prendre possession de ces îles riches en hydrocarbures avait poussé la France et l’ambassadeur Châtaigner à fomenter une « révolution colorée » ayant porté au pouvoir Andry Rajoelina. Le petit jeu de la Françafrique était évident aux yeux des chancelleries présentes à Tana, comme en témoigne le câble de l’ambassade américaine du 29 avril 2009 (révélé par Wikileaks le 29 avril 2014). La décision d’Emmanuel Macron de restituer ces îles à Madagascar d’ici le 26 juin 2020 laisse pourtant perplexe. « Coup de com » du Président de la République, qui fait bénéficier son homologue, lui aussi, d’un bel effet d’aubaine, elle ne permettra pas aux Malgaches de sortir de la misère tout en hâtant l’effacement de la France sur le continent africain au profit des puissances américaine et chinoise. Cette situation est l’occasion de sortir de la langue de bois.

L’ONU considère certes ces terres comme devant être restituées à Madagascar (résolution 34/91 du 19 décembre 1979) et les garder dans le giron français contribue à discréditer cette instance internationale. Mais vu la configuration géopolitique sur place, c’est un mal nécessaire : la France doit, pour le moment, désobéir à l’ONU et conserver les Iles Eparses sous son contrôle car bien plus que les réserves de pétrole, elles sont l’interface des trafics et de l’économie informelle qui nourrit l’islamisme galopant en Afrique. Alors pas de pudeur de gazelles : Madagascar n’a pas aujourd’hui les moyens humains ni techniques de gérer ces enjeux titanesques.

 

Les îles sont également au centre de l’attention des États-Unis qui les lorgnaient déjà à l’époque de Barack Obama. Dès le mois d’avril 2012, l’US Geological Survey a ainsi remis au président un rapport stratégique sur le bassin de Morondava, selon lequel Juan de Nova et la province malgache regorgeaient potentiellement de quelque 17 milliards de barils de pétrole et 167 000 milliards de pieds cubes de gaz – soit autant que l’Angola. En se faisant passer pour un Mendès France qui cède magnanimement l’Indochine, Emmanuel Macron offre en réalité les Iles Eparses sur un plateau d’argent à ses amis américains qui sans nul doute vont rafler la mise. Bon soldat de la French-American Foundation, notre président – qui a notamment bradé Alstom à General Electric, avec les conséquences sociales que l’on sait – n’en est pas à sa première trahison.

Malgré ses relents mafieux – bien décrits dans les travaux de François-Xavier Verschave sur la Françafrique –, seule la France peut aider l’Afrique à se soustraire à la tutelle des puissances rivales qui se disputent ses richesses. En adoptant une politique de développement adéquate, la France peut représenter pour les pays de ce continent un rempart face à la mainmise américaine, mais aussi à la nouvelle prédation chinoise.

L’heure est venue pour la France de revenir de façon décomplexée en Afrique avec une offre de coentreprise.

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