Article rédigé par Le Salon Beige, le 10 avril 2019
Source [Le Salon Beige] Extraits de l’interview accordée par le cardinal Sarah à IMedia :
“(…) La France a de toute façon renoncé à ses racines chrétiennes, l’Évangile n’est plus votre référence. Dieu n’a plus de place dans votre société. Le seul endroit où il est toléré et consigné à résidence surveillée est le domaine privé. L’homme a pris la place de Dieu.
Il édicte des lois en totale opposition aux lois de Dieu et à celles de la nature. Vous estimez que des hommes ou des femmes peuvent se marier entre eux… Alors que tous luttent pour la suppression de la peine capitale, le meurtre des enfants à naître est légal, le divorce également. Alors qu’on combat partout contre les mutilations génitales, on légalise la mutilation des personnes qui veulent changer de sexe. Quelle contradiction diabolique (…)
Dans la société, je ne sais pas quelle civilisation a légalisé l’avortement, l’euthanasie, a cassé la famille et brisé le mariage à ce point. Ce sont pourtant des aspects essentiels de la vie humaine. Nous sommes dans une situation difficile et la crise est profonde et grave, mais j’ai également consacré la dernière partie du livre à une longue réflexion sur l’espérance car chaque crise comporte en elle une dimension nouvelle, le début d’une renaissance (…)
Ce qui est tragique, c’est la division à l’intérieur de l’Eglise. Une division qui se manifeste surtout sur le plan doctrinal, moral et disciplinaire. Chacun dit et pense désormais ce qu’il veut. Comment ne pas s’inquiéter en constatant que l’Eglise ne semble plus avoir de doctrine ni d’enseignement moral clairs?
Devant une telle situation, essayons de suivre l’exemple des apôtres. Un jour où ils traversaient le lac de Tibériade, une forte bourrasque les a surpris. Les vagues se sont jetées dans la barque, de sorte que déjà elle se remplissait d’eau. Jésus était à la poupe dormant sur un coussin. Quelle a été l’attitude des apôtres devant ce danger ? Ils ont tenu ferme l’embarcation pour qu’elle ne chavire pas. Ils connaissaient en effet leur métier. Ils se sont donc accrochés à la barre pour maintenir la barque droite malgré la violence du vent. Mais en même temps qu’ils ramaient avec dextérité et grande prudence, ils ont crié de toute leur force : “Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssions ?”
Aujourd’hui aussi, nous devons tenir ferme la barque et prier. Autrement dit, il nous incombe de nous tenir fermement à la doctrine, à l’enseignement de l’Eglise et de prier. Nous ne prions pas assez. Les prêtres ont trop d’activités. En croyant changer l’Eglise par nos propres forces, et par de simples réformes structurelles, nous devenons des activistes. Il nous faut plutôt la grâce qui s’obtient par la seule prière fervente et constante.
L’Eglise n’appartient pas aux pseudos réformateurs. Je ne peux changer ce que je n’ai pas édifié moi-même et qui, par conséquent, ne m’appartient pas. Personne ne peut changer l’Eglise de Jésus. Ceux qui veulent la changer, il leur faut un mandat de Jésus. Ordonner prêtres des femmes? Cette question de toute façon est résolue: Jean Paul II a affirmé que l’Eglise n’avait pas le pouvoir de les ordonner. Il a eu une formulation définitive. “Cette porte est fermée”. François l’a confirmé en disant: “L’Eglise a parlé et a dit non”. Leur donner plus de responsabilités dans l’Eglise ? Mais volontiers. Je suis certain que les femmes ont une place et un rôle importants dans l’Eglise et dans la société. Mais on ne les valorise pas davantage en leur confiant des charges et une mission que Dieu, dans sa sagesse infinie, réserve à des hommes. Dès l’Ancien Testament Dieu a choisi Aaron et ses fils pour exercer son sacerdoce. Il est étonnant d’insister sur une éventuelle ordination des femmes, car il me semble, après plus de 2’000 ans de christianisme, que c’est faire preuve de manque de foi. Ceci n’arrivera jamais dans l’Eglise catholique même s’il n’y avait plus aucun prêtre dans le monde. Non par mépris des femmes, mais parce que cela n’est pas dans la volonté et le plan de Dieu.