Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 07 février 2019
Source [Boulevard Voltaire] Pas mal, pour un président victime de chantage ! Voici, en effet, un homme qui subit un coup d’État rampant depuis son élection, qui est l’objet d’investigations judiciaires et parlementaires constantes, qui n’a jamais pu constituer sa propre équipe de gouvernement, qui se fait contredire publiquement devant le Congrès par les représentants de « ses » services d’espionnage et de renseignement quelques jours avant son discours sur l’État de l’Union, puis qui prend en plein visage, quelques heures avant ledit discours, une résolution du Sénat l’intimant de ne pas retirer ses troupes de Syrie et d’Afghanistan (histoire de lui rappeler qui est le patron), voici donc un homme qui parvient à extraire de CNN un sondage (sur son discours de mardi) montrant que 59 % des interrogés sont « très satisfaits » de sa prestation, taux qui monte à 73 % des indépendants. Prometteur pour 2020, le boom économique aidant.
Si Trump a utilisé moult slogans trumpiens dans sa présentation (afin de masquer la totale prise de contrôle de sa politique étrangère par les néoconservateurs du parti unique qui se répartit maintenant entre les démocrates et républicains), il s’agissait bel et bien du discours de candidature du président « Donald Bush » et non pas du candidat Donald Trump de 2016 (qui depuis, comme Bush, s’est laissé mener par les va-t-en-guerre). En 2016, « America First » signifiait qu’il fallait prendre par les cornes la désindustrialisation du pays, la financiarisation de l’économie, le business de l’immigration illégale, l’impitoyable croissance de la Chine, la crise avec la Russie et le cancer de la plus longue période de guerre des États-Unis depuis leur fondation. Aujourd’hui, cela signifie simplement : « Je fais ce que je veux dans un monde unipolaire, point final ! » Il suffisait de voir l’exultation de Fox News après le discours pour constater la victoire du marécage washingtonien sur la Maison-Blanche trumpienne.
Trump l’a dit : « Les États-Unis sont désormais les plus gros producteurs de pétrole et de gaz au monde et, pour la première fois depuis 65 ans, ils exportent d’avantage d’énergie qu’ils n’en importent ! » Parfait ! Mais il sait que cela est temporaire, et se plie à l’urgence à contrôler les importantes réserves gazières ou pétrolières des « adversaires » (Venezuela, Russie) ou celles de la Méditerranée orientale, qui sont en attente d’une transfiguration de tout le Proche-Orient avant de pouvoir être exploitées.
Trump, avec des demi-tours constants, est-il incompétent, paresseux, stratège ou terrorisé à l’idée que les sicaires des administrations judiciaires ne s’acharnent sur sa progéniture ? Nous verrons bien. Il n’a, certes, pas vaincu le lobby des frontières ouvertes, et jusqu’ici les républicains l’ont soutenu comme la corde soutient le pendu (défiscalisation, nomination des juges, déréglementation), mais jamais sur les frontières, la santé ou les infrastructures. Bref, il est encerclé par les mêmes « experts » qui poussèrent Bush en Irak, lesquels semblent avoir modernisé leur plan : pour étouffer la Chine (ennemie de Trump parce que pilleuse de technologies et voleuse d’emplois), il faut la priver de pétrole comme de gaz, donc contrôler la Russie et le Venezuela, l’Arabie et les pays du Golfe ainsi que toute la Méditerranée orientale. Beaucoup de changements de régime en perspective !
Restera alors à Davos, aux GAFAM et à la Silicon Valley d’organiser le dépérissement de l’État… aux États-Unis ! Ah, la grandeur…
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