Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 05 février 2019
Source [Boulevard Voltaire] Le palais de l’Élysée vient de perdre la splendeur de sa salle des fêtes remise au goût du jour, en pleine crise des gilets jaunes, il est vrai, imprévisible par nos dirigeants qui ont une vue bien courte.
Nous savions que la « première dame », dont le statut n’existe pas officiellement, avait des goûts très tendance, très mode, très bourgeois-bohème – autrement dit, en langage clair, très bobo… Alors, Brigitte Macron nous a présenté son œuvre par l’intermédiaire de photos diffusées par Isabelle Stanislas, l’architecte d’intérieur qu’elle avait soigneusement sélectionnée après avoir lu, sans doute, un reportage que le magazineAD Architecture lui avait consacré en résumant son but : « Une volonté d’épure adoucie par quelques détails luxueux et raffinés. »
C’est certain. Question épure, le salon Napoléon III que nous a concocté Mme Emmanuel Macron (née Brigitte Trogneux) sous le regard attendri de son mari est digne d’un salon de funérarium. Tout y est gris. La moquette est, selon l’inspiratrice, lumineuse. Elle semble d’une tristesse accablante et n’aura coûté que la modeste somme de trois cent mille euros.
Brigitte Macron nous aurait moins ruinés en se construisant, au fond du parc, un hameau style Marie-Antoinette, avec une mini-ferme dont les produits auraient fourni, à moindres frais, ses cuisines. Mais l’Élysée nous a, en quelque sorte, déjà répondu : la rénovation de l’Élysée sera payée, en partie, par la boutique en ligne de T-shirts et autres mugs à l’effigie présidentielle, ce que le service de presse élyséen appelle courageusement les produits dérivés ! En partie : il va falloir en vendre, des mugs !
Il doit y en avoir une qui, du plus profond de sa tombe, doit maudire celle qui lui a succédé dans ce beau palais que la République s’est appropriée pour héberger ses Présidents. La marquise de Pompadour, née Jeanne Poisson. Cela dit, cette dernière était une sorte d’inspiratrice. Ne disait-elle pas : « Mon plaisir n’est pas de contempler l’or de mes coffres, mais de le répandre. » Et quand, en plus, ce n’est pas votre or…
Les occupants actuels (et, nous l’espérons, provisoires) ont déclaré que cette salle des fêtes rénovée qui accueille souvent des dignitaires étrangers va être « une vitrine de l’excellence française et des métiers d’art ». Après tout, chacun son point de vue, mais les commentaires sur le compte Instagram de l’architecte sont assez unanimes : « Une salle défaite à la couleur des Macron », « sans saveur inodore, sans âme stoïque en somme comme ces occupants », « Horrible !!! Quel massacre !!!!!! On voit où vont nos impôts ! », « Laid à souhait ! Triste morne on dirait une morgue qu’elle gâchis et surtout qu’elle arrogance de se permettre de se payer une rénovation sur l’argent public pour satisfaire des goûts de ploucs », « scandaleux d’avoir bouzillé les peintures d’origine ». Mais comme on dit, c’est chacun son goût.
Effectivement, les ors de la République ont disparu, « assez raccord avec l’esprit ambiant #macronstyle », rajoute l’un de ceux, nombreux, qui ne comprennent pas cette révolution de palais.
Si nos Présidents regagnaient, chaque soir, leur appartement comme dans la plupart des pays du monde, ils seraient peut-être moins enclins à se « jupitériser » et à imposer leurs goûts personnels bien au-delà du bail qui leur est consenti par les citoyens.
Permettez que je cite encore un abonné d’Instagram, pour conclure cet épisode peu réjouissant de la Macronie : « Mauvaise augure ; le gris Trianon n’a pas porté chance à Marie-Antoinette ; est-ce un signe du destin ? »
NDLR : la salle des fêtes du palais de l’Élysée fut construite sous la présidence de Sadi Carnot (1887-1894).