Article rédigé par Le Figaro, le 30 janvier 2019
Source [Le Figaro] Serpent de mer du débat public, la proposition formulée par un groupe de travail gouvernemental afin de limiter les émissions de gaz à effet serre a été repoussée lundi par le porte-parole d'Angela Merkel.
C'est un non clair : le gouvernement allemand n'a pas l'intention de limiter la vitesse à 130km/h sur les autoroutes. «Cela ne figure pas dans le contrat de gouvernement», a asséné lundi le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. Avant lui, le ministre des Transports CSU Andreas Scheuer avait jugé l'idée «irréaliste». Le mythe d'une vitesse illimitée sur les autoroutes germaniques fait décidément partie des tabous allemands, des «obsessions allemandes», comme l'a écrit Der Spiegel dans un éditorial cette semaine.
Serpent de mer du débat public, la proposition de limiter la vitesse comme dans les autres pays européens avait ressurgi parmi les recommandations d'un groupe de travail gouvernemental. Celui-ci n'était pas chargé de réfléchir à la mortalité routière mais aux moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il existe d'autres méthodes «plus intelligentes», a répondu Steffen Seibert. Du côté du ministère de l'Environnement, on a aussi jugé la proposition de la commission peu efficace.
Le débat aurait pu dériver sur la sécurité. Mais il a rapidement été enterré. «Les autoroutes allemandes sont les plus sûres du monde», a affirmé le conservateur Andreas Scheuer pour évacuer le sujet. Pour lui, une limitation serait même «contraire au bon sens»: «Qui veut rouler à 120km/h peut le faire, qui veut rouler plus vite peut le faire», a-t-il argumenté. La réalité n'est toutefois pas parfaite. En 2017, 409 personnes ont trouvé la mort sur les autoroutes. Pour la moitié d'entre elles, la vitesse excessive a été mise en cause. Sur les autoroutes allemandes, qui souvent ne comporte que deux voies, il n'est pas rare d'être doublé par des véhicules lancés à quelque 200 km/h au mépris du danger. Mais pour certains, comme cet autre commentateur du Spiegel, le danger viendrait avant tout des conducteurs étrangers peu habitués à circuler aussi vite…
Les arguments rationnels ne font guère le poids s'agissant d'un objet aussi symbolique que la voiture, qui occupe une place à part dans le panthéon allemand. Après les menaces d'interdiction de circulation qui planent sur les diesels polluants, les responsables politiques veulent éviter de donner aux automobilistes un autre motif de crispation. La puissante industrie automobile, pilier de l'économie du pays, n'est pas plus encline à la discussion.
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