Le clivage créé par Emmanuel Macron autour de sa personne
Article rédigé par Atlantico, le 30 janvier 2019 Le clivage créé par Emmanuel Macron autour de sa personne

Source [Atlantico] Dans la lignée de la séquence POP2017, Bruno Cautrès accompagne BVA pour suivre le quinquennat. Sa dernière chronique :

La dernière enquête de l’Observatoire de la politique nationale réalisée par BVA pour Orange, RTL et La Tribune, montre une hausse de la popularité d’Emmanuel Macron (+ 4 points, soit 31% de bonnes opinions). Après avoir stabilisé sa chute le mois dernier, cette légère remontée de popularité permet-elle à Emmanuel Macron de sortir de la saison en enfer qu’il vient de passer ? En adressant sa lettre aux Français et en lançant le Grand débat national, Emmanuel Macron a appuyé sur le siège éjectable… à quelques secondes du crash ! Éjecté en catastrophe de l’avion de l’impopularité radicale en flamme, il semble reprendre des couleurs.  

Le Président a pu atterrir et repartir sitôt au combat, mais dans quel état ? Emmanuel Macron souhaite renouer avec la méthode de la grande marche du printemps / été 2016 qui lui avait tant réussi, mais beaucoup de Français souhaitent qu’il modifie le plan et la direction de départ. La grave crise que nous avons traversée a marqué la fin du macronisme triomphal, celui qui donnait le sentiment d’invincibilité. Les gilets jaunes ont faire mettre un genou à terre à Emmanuel Macron et sa popularité en légère hausse est toujours marquée par un niveau très bas (69% d’opinions négatives). Si l’on regarde le contenu qualitatif de l’image d’Emmanuel Macron aujourd’hui, aucune des annonces et aucune des images du Président se jetant à corps perdu dans l’arène du Grand débat n’a fait bouger les lignes en fait ! Les réponses données par les Français à la question ouverte posée par BVA sur l’image du Président nous en disent long. Le répertoire des mots les plus fréquemment utilisés à propos d’Emmanuel Macron, en positif ou en négatif, semble figé et n’a pas subi d’évolution depuis le mois dernier. Reprenant la posture du candidat qui tombe la veste, remonte les manches, va « au contact », multiplie les expressions voulant incarner la proximité avec le peuple (« les enfants »), mettant les rieurs de son côté ou affrontant la contradiction, Emmanuel Macron n’a pas ménagé sa peine. Un marathonien du meeting électoral qui veut mettre KO ses contradicteurs en leur en imposant physiquement et intellectuellement. Mais les Français, même s’ils reconnaissent ces qualités athlétiques à Emmanuel Macron, doutent toujours du résultat final et beaucoup lui disent « so what ? ». 

Comment expliquer cet état de l’opinion ? Un fossé, rapidement apparu au début de son mandat, n’a en fait cessé de s’approfondir entre deux grandes narrations à propos d’Emmanuel Macron. D’un côté, la narration élogieuse mais minoritaire, admirative d’Emmanuel Macron et qui le décrit sous les traits du réformateur dont la France a besoin (le mot « réforme » est cité 42 fois dans les verbatims des réponses à la question ouverte), de la jeunesse (l’adjectif « jeune » est utilisé 24 fois) et du courage (15 fois). De l’autre côté, la narration négative très largement majoritaire, celle qui le rejette en bloc voire éprouve de la détestation à son égard : les verbatims négatifs débordent de mots qui évoquent, à propos d’Emmanuel Macron, le « président des riches » (le mot « riches » est cité 120 fois !), « l’arrogance » (le mot est utilisé 49 fois), le « mépris » dans lequel il tiendrait les Français (40 fois), l’absence d’écoute. Pour beaucoup de Français, Emmanuel Macron n’est en fait qu’à l’écoute des « riches » ou de lui-même et pour certains cela revient au même.

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