Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 21 septembre 2018
Source [Boulevard Voltaire] Parfois, vous savez, dans les journaux, il y a des reportages sur de belles œuvres humanitaires. Aujourd’hui, je lis dans Le Point, sous le titre « Faire moins d’enfants, le geste écolo ultime ! », que « par convictions écologiques, des hommes et des femmes du monde entier ont choisi de renoncer à avoir des enfants pour sauver la planète » : « Aux États-Unis, on les appelle les GINK, pour Green Inclinations, No Kids. » Il y en a aussi en France (notons que le message semble s’adresser préférentiellement aux Occidentales, les fécoloministes, avec le racisme bienveillant qui les caractérise, jugeant sans doute les autres inaptes à l’entendre), et l’une de ces Françaises témoigne : elle a eu deux enfants mais elle le regrette (merci pour eux). Elle était jeune, sans doute, pardonnez-lui, elle ne savait pas ce qu’elle faisait.
Le Point a dressé un petit tableau de pourcentages implacable : seriez-vous vegans, renonceriez-vous à acheter une voiture, à prendre un chien, ne consommeriez-vous que de l’énergie renouvelable, tout cela serait négligeable comparé au gaz carbonique que dégage votre enfant, vous êtes coupables, coupables, coupables ! Ce devrait être inscrit en lettres capitales sur les tests de grossesse : PROCRÉER TUE !
Au passage, on remarquera que rien n’est dit, en revanche, de la pollution – non pas dans l’air, mais dans l’eau, cette fois – induite par la pilule contraceptive, outil fétiche des GINK, une étude britannique relayée en avril 2017 par BFM TV révélant, par exemple, que 20 % des poissons d’eau douce seraient, à cause d’elle, hermaphodrites. Le Point nous en parlera sûrement une prochaine fois. Ou pas.
La fondatrice de GINK affirme que « la maternité devrait être plus réfléchie. Il s’agit d’un choix qui va au-delà d’un besoin personnel égoïste, mais qui doit aussi prendre en compte l’intérêt de tous ».
Alors, oui, je le confesse, j’ai pollué, j’ai pollué, j’ai beaucoup pollué. Par pensée (je rêvais tellement d’avoir des bébés), par action (donc je les ai faits) et par omission (j’ai oublié de demander la permission aux écolos). Et, pire, j’en suis fière ! Plus vicieux encore, j’aime mes polluants atmosphériques, je ne pourrais pas m’en passer, je les trouve beaux, gentils et je les embrasse le soir. Jusqu’où, quand même, peut aller la perversion ! Je fais partie des abominables BIMK (Baby Inclinations, Many Kids) qui n’ont pas réfléchi, qui ont fait un choix égoïste sans prendre en compte l’intérêt de tous. C’est égoïstement que les BIMK se lèvent la nuit pour leur bébé, quand les GINK dorment du sommeil du juste après s’être verni les ongles des doigts de pied – dans l’intérêt de tous, bien sûr. Et c’est égoïstement que les BIMK mettent leur carrière entre parenthèses pour élever des enfants qui paieront les retraites… des GINK. Mais pas la leur, ou si peu, parce qu’elles n’auront pas assez cotisé.
Un responsable associatif interviewé par Le Point dit militer pour « le plafonnement des allocations familiales à deux enfants par couple ». Et pourquoi pas, plutôt, les verser carrément aux GINK, au titre de subvention publique pour une œuvre d’intérêt général ? Mieux : si l’on créait une redevance bébé dont on ferait don à la fondation Hulot ? Nous sommes tous des Chinois communistes.
Cet article vous semble grotesque ? À moi aussi. Il devient, pourtant, d’une grande banalité. Il ne se passe pas un mois sans que le refus de maternité n’ait les honneurs de la presse, la seule variante étant l’argument mis en valeur : dégoût de la grossesse ou de l’accouchement, envie de rester libre, de réussir son couple ou, plus raffiné et abouti, comme ici, du fait de sa dimension altruiste, écologie. On pourrait l’appeler l’escroquerie intellectuelle ultime.