Article rédigé par François Billot de Lochner, le 07 septembre 2018
La fatigue, la lassitude, le découragement semblent envahir actuellement de nombreux esprits. Il est vrai que depuis un demi-siècle environ, tous les combats menés par la France des valeurs, pour que soit préservé le socle moral sur lequel s’est construit notre pays, ont été perdus.
Qu’il s’agisse de la défense de la vie, de la liberté scolaire, de la morale sexuelle, du mariage et de la famille, et, de façon plus générale, de nos structures politiques, économiques, sociales, morales et culturelles, les puissantes forces de déconstruction ont gagné par KO. Dans ces conditions, pensent tant de Français, pourquoi continuer à engager des batailles systématiquement perdues ?
Au moment où il semble que nous avançons gaillardement vers le précipice, il nous faut plus que jamais agir à temps et à contretemps. Tel est notre devoir et notre responsabilité, puisqu’il s’agit de notre proche avenir et celui de nos enfants. Assister les bras croisés à la déconstruction actuelle devient donc une faute lourde. Cela dit, comment agir ?
Le philosophe Rémi Fontaine, dans son dernier livre sur Jean Madiran (Presses de la Délivrance), l’explique fort bien : « Commencer par soi, le premier pays de mission ! Par nous. En famille. En famille des familles. En communautés et réseaux naturels (…) S’ouvrir à tous les hommes de bonne volonté, à toutes les sympathies extérieures qui nous regardent et nous attendent (…) Apporter une respiration catholique dans la dissociété présente. Une respiration qui réponde d’abord aux exigences de la droite raison et de la nature humaine, à son besoin d’autorité et de liberté, d’ordre et de hiérarchie, d’amitié et de justice (…) Et qui reconnaisse contre la dictature du relativisme laïciste la présence d’une loi surnaturelle transcendante. » Rémi Fontaine évoque entre autres les familles, les écoles indépendantes, les unités scoutes, les associations civiques et culturelles qui peuvent rayonner dans la cité. Voilà pour le combat à mener sur le terrain de la vie quotidienne.
De façon plus générale, le philosophe Maurice Blondel (dans un texte du début du XXe siècle, publié dans Magnificat de septembre) dresse le cadre général de la lutte à conduire : « Si nous ne prenons pas l’offensive contre les ennemis de la volonté, ce sont eux qui se colonisent contre elle. Il faut se battre : celui-là perdra nécessairement la liberté avec la vie, qui fuira le combat (…) Qu’on ne laisse pas ces puissances hostiles se grouper en habitudes et en systèmes ; qu’on les divise par l’attaque ; qu’on s’impose d’unir les forces fidèles contre l’anarchie, avant le temps des coalitions, des complicités et des trahisons (…) Sans l’attendre, il faut agir directement contre l’adversaire, le provoquer, éveiller par la lutte des états de conscience nouveaux, afin de le mater. »
Combattre quotidiennement, au niveau où l’on est. Ne pas fuir le combat, puisque celui qui le fuit « perdra nécessairement la liberté avec la vie. » Au moment où chacun d’entre nous se remet en marche pour redémarrer une nouvelle année scolaire, puissions-nous consacrer avec ardeur le temps nécessaire à la lutte fondamentale à mener impitoyablement contre les surpuissants déconstructeurs.
François Billot de Lochner
Président de Liberté politique, de France audace et de Stop au porno