Article rédigé par Le Salon Beige, le 06 septembre 2018
Face à la « bombe Vigano », qu’il faudrait plutôt appeler la trompette apocalyptique « an-noncia-trice », tant le message fracasse certitudes, positions dominantes et fausses idoles… Elle secoue l’assoupissement de l’Église, en la personne de plusieurs de ses plus éminents responsables. Face à cette interpellation universelle, pour un redressement de la foi et des mœurs, en passant par le creuset de la difficile purification, au-delà même de la personne de l’auteur et des détails de ses accusations, au milieu du chaos et de la panique générale, au lieu d’un élan unanime d’union autour du désir de faire la vérité et de se ressaisir, à l’inverse un vent mauvais se lève… La réaction s’organise, eaux troubles où le démon va pouvoir, comme d’habitude, pêcher librement.
> Sa tactique, telle qu’elle commence à se dessiner, porte sur quatre axes, en vertu du vieux principe que les meilleurs mensonges se drapent dans les plis de la vérité :
. Confondre « pédophilie » et homosexualité (ou pédérastie). « Embrouillez-moi la question », disait l’autre. Mettre en avant de façon obsessionnelle une abomination réelle mais marginale, pour masquer la réalité concrète des faits majoritaires graves qui gangrènent le clergé catholique, c’est sa première tactique. C’est cacher la forêt grâce à l’arbre. Même les plus désireux d’aller dans la bonne direction, même ceux qui dénoncent à juste titre les connexions douteuses entre mauvaises mœurs et mauvaise théologie, s’y laissent prendre. Mais qui osera le dire comme le fit, en l’an mil, saint Pierre Damien, dans son Liber Gommorhus, ouvrage tellement explicite sur les mœurs invertis du clergé romain qu’il finira à l’Index ? Le diable aime les faux semblants, des demi vérités et la confusion, c’est son fonds de commerce. Il est le diviseur. Nous devons cesser d’entretenir cette confusion. Cette tactique trouve de nombreux complices chez ceux que terrorise l’idée de s’attaquer à la coterie gay, puissante et agressive. Résultat : double effet de sidération.
2. Donner le change, en prétendant trouver les fondements du mal dénoncé dans le « cléricalisme », en recyclant pour faire bonne mesure les vieux serpents de mer de l’ordination des femmes ou du mariage des prêtres, qui constitueraient des remèdes appropriés. C’est la tactique reprise par le journal La Croix. C’est un leurre plus subtil que le premier. Il relève de la tactique de l’obstruction : dévier le coup ou multiplier les objections secondaires. Un grand classique. Le quotidien est sûr ainsi d’attirer tous les nostalgiques de mai 68. Or, le mal n’est pas le cléricalisme, c’est le relativisme moral, contraire à l’Évangile, ayant entraîné la corruption d’abord des esprits, puis des mœurs, au nom de la tolérance et de la liberté ; c’est l’indulgence coupable vis-à-vis de l’homosexualité (et non des personnes à tendance homosexuelle) par conformisme envers les idées ambiantes.
3. Dénoncer un complot ourdi par les franges les plus réactionnaires du catholicisme, par esprit de vengeance ou d’ambitions déçues. MM. de Plunkett ou Le Morhedec, sont à la manœuvre en France, mais ne trompent personne. Nous n’avons pas encore eu droit à la thèse du complot russe (Poutine ou son complice le patriarche de Moscou), mais on va y venir très vite. La ficelle est grosse, mais efficace, si on y ajoute une bonne poignée de calomnies personnelles sur le « lanceur d’alerte ». En cas de panique, comme actuellement, tous les moyens sont bons. Tapez au plus bas pour déconsidérer moralement l’adversaire. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose.
4. En appeler à l’unité, autour du pape (ou des évêques), contre les soi-disant diviseurs, ou laisser la résolution de la question à la « maturité des journalistes », parce que ce chaos blesse l’Église. C’est l’argument universel et perpétuel des autorités lorsque la marée critique commence à déborder. Cela évite de répondre à la question. Il a été servi au moment de la crise liturgique, depuis le début de celle des vocations, à chaque fois que nos pasteurs prenaient des positions contestables ou ne prenaient pas celles qui s’imposaient. C’est l’argument d’autorité : « je ne veux voir qu’une seule tête », qui sacrifie bien aisément la vérité sur l’autel du consensus. La « culture du déni et de l’obstruction », au nom de la désirable unité. Telle est l’ultime tactique du diable.
Pour conclure, la parole est donnée à l’archevêque de San Francisco, Salvatore Cordileone (cela ne s’invente pas : « Sauveur Cœur-de-lion ») :
« Les déclarations [de Mgr Vigano] doivent donc être prises au sérieux. Les rejeter à la légère ce serait vouloir continuer une culture de déni et d’obstruction. Bien entendu, pour valider ses déclarations en détail, il faudra mener une enquête formelle, approfondie et objective… je me joins (à l’appel) d’autres évêques pour réclamer une telle enquête et prendre toute mesure corrective nécessaire, à la lumière de ses conclusions. »
Parce que nous aimons l’Eglise plus que jamais, nous ne demandons rien d’autre, Plus de commissions impuissantes, plus de repentances stéréotypées, plus de silence, plus d’obstruction, plus de faux-semblants. La vérité, rien que la vérité et toute la vérité. Saint Pierre Damien, priez pour l’Église !