Attaques chimiques en Syrie : des ficelles de plus en plus grosses
Article rédigé par Roland Hureaux, le 30 août 2018 Attaques chimiques en Syrie : des ficelles de plus en plus grosses

« Vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres » ( Matthieu 24, 6) . La  guerre de Syrie semblait tirer  à sa fin. Or des rumeurs de guerre inquiétantes en viennent encore.

Il y aurait bientôt une  nouvelle  attaque  chimique  de Bachar-el-Assad . La riposte est prête : le forfait n’est  pas encore commis mais la punition se prépare déjà :   le destroyer US The Sullivan armé de   56 missiles de croisière, est arrivé  dans le Golfe persique, et le bombardier de l’US Air Force B-1 B avec 24 missiles de croisière Air-sol a été acheminé vers la base aérienne de al-Udeid  au Qatar.

Et pour être sûr  qu’il  aura   quelque chose à punir,    huit chars contenant de la chlorite auraient été acheminés vers le village de Halluz, dans la province d’Idlib, le principal réduit djihadiste encore  hors du contrôle du gouvernement syrien , où un groupe des militants spécialement entraînés par la compagnie militaire privée américaine Olive  a  été déployé afin de simuler le sauvetage de victimes d’une attaque chimique   

Cette opération, disent les Russes, a été planifiée par les services de renseignement britanniques pour justifier une frappe aérienne imminente visant l’infrastructure syrienne civile et militaire.

Certes la source principale est russe . Mais d’autres informations semblent la confirmer :  Macron , qui est une maillon important de la machine de propagande occidentale  a, dans son  dernier discours devant les ambassadeurs réunis à Paris repris ses attaques contre   Assad : son maintien au pouvoir serait, selon lui,  une « erreur funeste » . Mais de  quoi se mêle-t-il donc ? Même au temps de la  colonisation ,  que le même   Macron dit  avoir été un crime ,  la république ne décidait pas de qui devait être le roi du Maroc. Elle a essayé une fois, mal lui en a pris.

Macron avait semblé un moment devenir plus réaliste. Ce durcissement est significatif de quelque chose, probablement  d’une  nouvelle attaque contre à Syrie. La voix de son maître.

 

Mise en garde de Poutine

 

Quel  intérêt auraient au demeurant les Russes de  faire circuler ce genre de rumeur  si elle  n’était pas fondée  ?  Poutine  a mis   en garde les Etats-Unis contre la tentation de frapper une nouvelle fois la Syrie,  mais s’il n’en était pas tenu compte  « jusqu’où abusera-t-on de sa patience ?  » .

Près d’Idlib  où l’attaque chimique est planifiée , pas par les Syriens mais par l’OTAN ,  une attaque analogue avait été imputée  à l’armée syrienne  à Khan Chekroun  le 4 avril 2017.  En représailles, les Etats-Unis  avaient  largué 49 missiles Tomahawk ( dont chacun représente presque une bombe atomique) sur un aéroport syrien vide.  Quelques  mois plus tard , le général James Mathis, secrétaire d’Etat à la Défense de Trump devait avouer dans Newsweek[1], que le Pentagone n’avait  aucune preuve de l’implication d’Assad dans une  attaque chimique.

Nouvelle  utilisation présumée de  gaz le 7 avril 2018  dans le faubourg  de la  Douma près de Damas que  pourtant Assad finissait de reprendre aux    djihadistes. Même  tollé . Cette fois  110 missiles  ont été lancés par les Américains , les Anglais et les Français. Une mission de l’OIAC l’Organisation internationale nationale contre les armes chimiques est arrivée ensuite pour  dire qui était responsable. Elle n’a pas vraiment conclu.

Errare humanum est :  pour tous ceux qui l’ont suscitée,   la guerre de Syrie fut une erreur. Perseverare diabolicum ;  c’est bien à une entreprise diabolique que nous avons  affaire aujourd’hui  . Il y  a des deux côtés de l’Atlantique  des hommes  – et Macron n’est  pas le moindre -  , qui ne  se resignent pas à avoir perdu la guerre de Syrie, à ce que le président Assad reste en place alors qu’ils n’ont cessé de répéter qu’il allait tomber. Qui aurait cru que pour tenter encore leur chance de renverser la situation , ils auraient recours  une ficelle aussi usée ?

Quel serait  donc  l’intérêt d’Assad qui a pratiquement gagné  la guerre  d’utiliser ce genre d’armes que dès 1918 on trouvait  peu efficace. Il faut dire que l’absurdité même  de l’accusation  alimente la propagande de l’OTAN : comment Assad peut-il être assez  monstrueux pour  se servir  de gaz ( contre des enfants – nous verrons que le principales victimes seront des enfants, le b a ba de la propagande de guerre ! ) alors que ça ne lui sert plus  à  rien ? Non seulement  le crime est douteux, mais  il n’y a pas de mobile.  

Comment pourrions-nous être assez stupides pour  croire encore à ces   balivernes ?

 

Roland HUREAUX  

 

 

[1] Newsweek,  8 février 2018, article de Ian Wielkie