Sexisme à l'école, silence dans les rangs
Article rédigé par L'Express, le 09 mai 2018 Sexisme à l'école, silence dans les rangs

L'article ci-dessous se garde bien de préciser que ce "sexisme" et ces "stéréotypes de genre" ne viennent pas de nulle part, et prolifère avec bonheur chez les jeunes garçons d'origine musulmane, élevés dans le mépris culturel et religieux des filles qu'ils sont obligés de côtoyer à l'école.

 

 

Partout, dans les établissements scolaires, les filles sont victimes de violences sexistes. Dans un mutisme assourdissant.

Une ado de 15 ans plaquée contre le mur des toilettes du lycée professionnel Gallieni de Toulouse et victime d'attouchements de la part de trois agresseurs. Des élèves de terminale du lycée Camille Pissarro de Pontoise (Val d'Oise) qui, parce qu'elles seraient trop court-vêtues, doivent affronter des camarades masculins hilares, mimant des actes pornos et les injuriant sans retenue - "sale pute", "gros cul", "t'es bonne"...  

La vidéo d'une toute jeune fille ayant des rapports sexuels avec deux garçons qui circule de téléphone en téléphone, sans le consentement bien sûr de l'intéressée, auprès de ses pairs du lycée d'Alembert, dans le XIXe arrondissement parisien. Ce "tu suces ?" jeté au visage d'une élève du lycée Jacques-Prévert, à Savenay, près de Nantes, pour avoir eu l'"audace", encore une fois, de porter une jupe avec des chaussettes hautes et des souliers à talons. Mais aussi, parce que désormais le sexisme prend de nouvelles formes, des garçons qui refusent de s'asseoir à côté de leurs homologues féminines au collège Versailles de Marseille... 

Ces anecdotes, glanées à travers toute la France, sont très loin d'être des cas isolés. Et les établissements cités ci-dessus ne sont pas forcément les plus "difficiles" ou les plus laxistes en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.  

Parmi eux, beaucoup, comme le lycée d'Alembert par exemple, ont même le mérite de dénoncer haut et fort ce qui se cache ailleurs. Mais voilà, entre l'accès à la pornographie - facilité par Internet, les smartphones et les tablettes -, la violence et le harcèlement pratiqués à grande échelle sur les réseaux sociaux, les stéréotypes de genre intégrés dès le plus jeune âge et, enfin, le développement de la radicalité religieuse dans certains établissements, c'est bien toute l'Education nationale qui doit faire face à une très inquiétante situation. 

"Si les parents savaient véritablement ce qu'il se passe entre les murs des établissements qui accueillent leurs enfants, ils prendraient peur", assure la gynécologue Violaine Guérin, présidente de l'association Stop aux violences sexuelles, au diapason avec bien d'autres acteurs engagés sur le terrain. "Il y a trente ans, quand j'ai commencé à exercer, jamais je n'aurais entendu une jeune fille me confier qu'elle avait eu son premier rapport avec deux garçons rencontrés sur Facebook. Aujourd'hui, je peux vous donner les tarifs exacts des fellations pratiquées dans les toilettes de certains établissements", poursuit-elle.

Le sexisme à l'école prend souvent racine dès la maternelle et le primaire, à travers des pratiques jugées parfois "innocentes" comme le "chat fesse" ou le "jeu de la main", qui permet aux garçons d'engranger des points lorsqu'ils touchent la poitrine, les fesses ou le sexe de leurs petites camarades. Ou encore cette "blague" qui consiste à soulever les jupes des filles avec sa règle. 

"Lorsque le respect n'est pas enseigné dans les petites classes, le curseur ne cesse de se déplacer jusqu'à être poussé à l'extrême au collège et au lycée", alerte encore Violaine Guérin. Souvent, les jeunes filles finissent par intérioriser les violences dont elles sont victimes, ne réalisent pas forcément la portée de certains actes, méconnaissent les sanctions juridiques dont sont passibles leurs agresseurs, ou bien se disent tout simplement fatalistes. 

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https://www.lexpress.fr/education/sexisme-a-l-ecole-le-grand-tabou_2005156.html