Article rédigé par Le Salon Beige, le 21 mars 2018
Source [Le Salon Beige] Le général Pierre de Villiers était à Nantes jeudi 15 mars pour présenter son livre Servir. Devant un amphithéâtre comble, l’ancien chef d’état-major des armées a répondu aux questions de l’auditoire avant de dédicacer son livre.
Interrogé sur les deux menaces globales que peuvent constituer le djihadisme international et le retour aux États – puissances (Chine, Inde, Qatar, Russie, Turquie…), il a posé « deux tournants stratégiques majeurs » : la chute du Mur et les attentats des deux tours de New York en 2001.
« l’Histoire est une succession d’événements et non de ruptures brutales. L’énergie libérée suite à la chute du Mur a conduit au retour des Empires, le djihadisme est la suite de l’attentat des deux tours de New-York et même des années 1980 où se sont constituées ces cellules terroristes ».
Quand il était chef d’état-major, il recevait le matin à 8 heures un rapport sur les attaques terroristes dans le monde :
« il y en avait 3 à 5 par jour, avec des véhicules piégés, des mines, des engins explosifs, des tireurs, des embuscades. C’est une idéologie nihiliste. On tue, on viole, on égorge, on décapite, tous les jours à quelques heures de vol de Paris. C’est une menace distincte mais pas totalement disjointe du retour des Empires ». « Certains pays réarment de 5% par an depuis dix ans. Nous ne sommes pas près de les rattraper ».
« En Syrie, sur 20 km de côté, vous avez des soldats russes, syriens, iraniens, kurdes, turcs, américains qui ont tous pour objectif de combattre Al Quaïda ou l’État Islamique. Mais tous ont leurs stratégies sur 30 ou 50 ans. En France, la vision de long terme c’est le quinquennat. C’est un vrai sujet de préoccupation ».
Pour le général, la France va au-devant d’une débâcle :
« Depuis trois siècles, les grandes défaites sont dues à une crise économique et sociale, qui engendrent des difficultés de réarmer et une myopie politique, ainsi qu’une lâcheté des militaires qui se disent je fais mon job. Je n’ai pas voulu être l’homme de la défaite ».
« Il faut en urgence restaurer cette cohésion nationale qui va nous jouer des tours sinon plus. Les gens qui vont chez l’État Islamique cherchent un supplément d’âme, un sens à leur vie, chose que les institutions françaises ne leur donnent plus ». « L’armée est un modèle intégrateur. Peut être que nos valeurs gagneraient à inspirer l’État. Le courage, l’obéissance, la non-discrimination, le travail 24h/24, l’effort, la punition, la récompense, le respect du drapeau, l’honneur de servir… Mais nous ne sommes pas les pompiers de la République. Nous sommes à 30% au-dessus de nos capacités, est-ce que cela va tenir ? »
« Il y a des jeunes français qui se lèvent en disant aujourd’hui je tuerai des Gaulois. C’est une situation de guerre, il faut que nos soldats le comprennent. En France nous n’avons pas que des amis. La population est notre amie mais il y a des ennemis dans la population ».