Pourquoi le Pape François a-t-il évoqué, à Noël, des vents de guerre ?
Article rédigé par Roland Hureaux, le 10 janvier 2018 Pourquoi le Pape François a-t-il évoqué, à Noël, des vents de guerre ?

source[Roland Hureaux]A quoi pensait le pape François en déplorant dans son message de Noël « que soufflent sur le monde des vents de guerre » ?

Il ne faut certes pas exclure que le Saint Père ait des intuitions, à caractère mystique, dont ne bénéficient pas les  simples mortels, mais la géopolitique est d’abord affaire d’analyse  rationnelle.

J’ai relu les messages de Noël du pape François depuis son avènement ; y sont certes passés chaque fois en revue les conflits qui se déroulent un peu partout dans le  monde et  les tragédies qui en résultent, ainsi que des situations de tension interne qui n‘ont pas un caractère aussi tragique, telle celle du Venezuela,  mais dans  aucun de ces messages,  qui s’étalent de  2013 et 2016, le Saint Père ne s’était  montré aussi alarmiste.  

Pourtant, jamais la paix dans le monde n’a fait autant de  progrès qu’en cette année 2017 qui vient de se terminer. Deux événements majeurs la marquent : la paix en Syrie et la paix en Irak . Certes,  dans aucun de ces deux pays,  la situation  n’est   entièrement stabilisée, des poches de dissidence subsistent ici ou là,  mais les populations ont repris espoir, en particulier les chrétiens d’Orient si chers à nos coeurs.  

Il est vrai que ces progrès sont dus à des personnalités qui n’ont pas l’heur de plaire au maîtres de l’ opinion occidentale : Donald Trump et Vladimir Poutine.  Poutine a soutenu le gros de l’effort qui a permis au gouvernement légal (dit « régime de Bachar el Assad »)  de reprendre le contrôle du territoire syrien. Trump,  à la différence de son  prédécesseur , l’ a laissé faire,  bloquant notamment  à la fin de l’été,  décision capitale, un navire d’armements  affrêté par la  CIA et destiné au mouvement al Nosra ( ex Al Qaida), ce qui aurait permis de continuer la guerre.

En Irak, Trump a accéléré  la prise de Mossoul que le gouvernement  Obama avait entreprise  mais qu’il ne  paraissait pas pressé de mener à son terme.

Ne sont en revanche pour rien dans la paix les autres gouvernements de l’OTAN qui auraient voulu empêcher le retour des réfugiés en Syrie ( Macron a même demandé au président libanais de les retenir !)

Il  est vrai  aussi que cette élimination du djihadisme est passée par des  opérations chirurgicales qui ont fait des  victimes civiles : des centaines à Alep  , ce qui a provoqué un tollé dans le monde entier ; des milliers à Mossoul, dont personne n’a parlé.    Deux poids, deux  mesures : à Alep, l’opération était menée par les Russes, à Mossoul par les Américains. De toutes  les façons  le belles  âmes auront  du mal à reconnaitre que  le retour à la paix passe quelques fois par  des opérations de ce genre. 

Donald Trump, l’ « affreux », s’est avéré ainsi un authentique « artisan de paix ».  Les rodomontades qu’on lui reproche, et qui sont peut-être les « vents de la guerre » dont parle le pape François, visent surtout le régime fou de la Corée du Nord, le seul régime totalitaire subsistant sur la  planète ,  bien plus dangereux que ne l’a jamais été  le régime syrien. On peut en critiquer  la  manière (encore qu’elle ait sa logique interne), difficilement la cible.

Mais la vérité historique (et même  spirituelle) se trouve rarement  dans les apparences. On dit que   Trump ne serait  pas  bien vu au Vatican en raison de ses sauvais manières. Vrai ou pas vrai, il est probable qu’on y  préfère les manières   policées qu’avait en son temps évoquées Joachim du Bellay[1] . Mais il faut aller au-delà des  apparences :  pas plus que l’ habit ne fait le moine, l’air urbain ne fait pas le faiseur de paix. Obama, prix Nobel de la Paix et sa comparse Hillary Clinton, on  mis quatre pays en guerre, d’ailleurs cités dans le massage papal. Trump n’a à ce séjour pas causé de guerre et fait deux   paix.

Il est vrai qu’on   lui reproche de dresser des murs  entre les peuples : sait-on que celui qu’il bâtit , à la frontière du Mexique,  avait été commencé par Obama ?   Sait-on aussi, parmi les célibataires qui gouvernent l’Eglise,   que,  quand des enfants des disputent,  le meilleur moyen de les calmer est de les  séparer ? La plupart des guerres   déclenchées au cours des dernières années par les  forces de l’OTAN  (six au total, deux sous  Bush et quatre sous Obama-Clinton )    l’ont été au nom des droits de l’homme par de gens qui voulaient « ouvrir » des pays réputés fermés ?

On ne s’attendait pas à ce que , dans son message de Noël,  le  Saint Père félicite Trump et  Poutine mais au moins aurait-il pus saluer le grand pas qu’a fait la paix en 2017.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

[1] Joachim DU BELLAY  (1522-1560) , Regrets LXXXVI