François et les Rohingyas
Article rédigé par Abbé Pagès, le 07 décembre 2017 François et les Rohingyas

source[Salon Beige]Il y a quelques jours le Pape a demandé pardon aux Rohingyas au nom de tous ceux qui les ont persécutés et leur ont fait du mal.

 

Il y a quelques jours le Pape a demandé pardon aux Rohingyas au nom de tous ceux qui les ont persécutés et leur ont fait du mal.

Je me demande si les Rohingyas se sont satisfaits de cette demande de pardon… Est-ce que le pape avait demandé et obtenu la permission de faire, au nom des méchants Birmans, cette demande ? S’il ne l’avait pas obtenue, dans quels quiproquo, confusion et déception supplémentaires ne risque-t-il pas de les avoir plongés… Et surtout, toute demande de pardon, pour être sincère, implique une réparation à la mesure du préjudice.[1] Or, quelle réparation à la mesure des maux endurés le Pape a-t-il pu offrir aux Rohingyas ?[2] Enfin, n’a-t-il pas pris le risque que ― pour cette raison ―, son geste soit interprété comme un moyen de s’acheter à bon compte, et qui plus est sur le dos de ces malheureux, une réputation d’homme sensible et compatissant ?

Plutôt que d’offrir une telle demande de pardon ― qui accusait en fait le peuple birman et de ce fait l’indisposait à l’égard de l’Église ―, n’aurait-il pas été préférable que François demandât aux Rohingyas de pardonner eux-mêmes à leurs persécuteurs ? Car Jésus ne commande pas seulement de demander pardon à notre prochain lorsque nous l’avons offensé (Mt 5.24), et de réparer pour autant que possible le mal commis (Lc 12.59 ; 19.8), mais encore de pardonner « du fond du cœur » à tous ceux qui nous ont offensés (Mt 18.35)… Est-ce que l’Évangile n’aurait pas alors retenti comme quelque chose de vraiment extraordinaire, surhumain, divin ? Voilà qui aurait été une magnifique leçon d’Évangile, un puissant acte d’évangélisation ! Et cette demande proprement évangélique, que personne n’aurait pu soupçonner inspirée par un autre esprit que celui de Jésus-Christ, aurait encore eu le pouvoir de mettre en évidence l’incapacité où sont les Rohingyas ― en tant que musulmans ― d’y répondre…  En effet, l’islam trouvant sa gloire dans le rejet de la foi chrétienne ― seul péché qu’Allah ne peut pas pardonner (Coran 4.48) ―, rejette aussi le devoir de pardonner à ses ennemis : « Le talion s’applique à toutes choses sacrées. Donc, quiconque vous offense, offensez-le, à offense égale. (Coran 2.194) » ; « C’est dans le talion que se trouve votre salut, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous à la piété !(Coran 2.179) ». 

 

Une telle demande aurait évité de nourrir l’esprit de victimisation dont raffolent les musulmans à travers le monde, et elle aurait ouvert les yeux de Rohingyas, et de tous, sur le malheur que constitue le fait d’être musulman… et ainsi une pierre de taille aurait été apportée à la résolution du problème des Rohingyas !! Le Pape aurait fait d’une pierre deux coups : d’un côté il aurait montré la vraie nature de l’Évangile, et de l’autre celle de l’islam… L’un ne peut aller sans l’autre pour évangéliser.

Malheureusement, le Pape a préféré continuer à laisser croire qu’être musulman n’était pas en soi un problème, que le problème vient des fondamentalistes qui existeraient « dans toutes les ethnies et dans toutes les religions », en sorte que « nous aussi, les catholiques, nous en avons », comme s’il pouvait y avoir un quelconque point de ressemblance entre l’Évangile et le Coran ! « Quelle union en effet entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.14-16) »

Ce faisant François met sans doute en pratique l’enseignement qu’il a donné en matière d’évangélisation : ne pas chercher à « convaincre mentalement, avec la raison et l’apologétique », pour préférer escompter sur le travail de l’Esprit-Saint et le témoignage muet de l’évangélisateur… J’avoue ne pas voir comment cet enseignement s’harmonise avec celui des docteurs, apologètes et prédicateurs des temps passés[3], que le pape Paul VI résume ainsi : « Il n’y a pas d’évangélisation VRAIE si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés. ».[4] Mais il est évident que si les Rohingyas, déjà, « portent en eux le sel de Dieu », on ne voit pas quel intérêt il y aurait à le leur apporter, ni même d’ailleurs ce que serait encore le sel de l’Évangile (Mt 5.13).

Abbé Guy Pagès

[1] « Ce devoir oblige en conscience. (Catéchisme de l’Église Catholique, n°2487, 2412) » ; « Il est louable d’imposer une réparation pour la correction des vices et le maintien de la justice. (Idem, n°2302) ».

[2] Il est vrai qu’à Fatima où il est allé célébrer le centenaire des apparitions, il n’a pas fait non plus la moindre allusion au devoir de réparation, aspect pourtant essentiel des célestes apparitions… D’aucuns pourraient y voir une influence de Luther pour qui croire à la Réparation accomplie par le Christ suffit, sans qu’il soit besoin de mériter son pardon et son salut par de bonnes œuvres.

[3] Cf. Mt 11.1 ; 26.55 ; Mc 4.1 ; 6.34 ; Ac 4.2,10 ; 5.21,28,42 ; 13.38 ; 18.9 ; 28.28 ; 2 Tm 3.16…

[4] Evangelii Nuntiandi, n°22. A ce sujet, il n’est pas passé inaperçu  que dans ses discours officiels en Birmanie, François n’a pas une seule fois prononcé le saint nom de Jésus… mais que Aung San Suu Lyi, bouddhiste, a osé le faire, publiquement, devant lui…

 En savoir plus sur les Rohingyas :

Nettoyage ethnique, génocide, tels sont les termes employés; les médias nous présentent un drame humain épouvantable avec des images d’enfants et de vieillards en fuite de la Birmanie ou entassés dans des centres d’accueil.

Bien sûr, les photos sont poignantes et ne peuvent pas laisser indifférent, les réseaux sociaux sont pleins de commentaires presque haineux envers l’armée birmane, les ONG font des quêtes, les associations humanitaires partent en guerre…

Mais où se trouve la vérité? Non pas sur le fait que des centaines de milliers de Rohingyas se soient enfuis mais sur les causes réelles.

Certains moines birmans tiennent depuis quelques années des discours haineux à l’encontre des Musulmans. Le mouvement Ma Ba Tha, guidé par le moine Ashin Wirathu, mouvement ultranationaliste, prend de plus en plus d’ampleur. Mais comment se fait-il que le bouddhisme, une philosophie de paix et de tolérance, glisse vers une forme de radicalisme à l’encontre des Musulmans?

Je vais commencer par une petite question insidieuse: pourquoi le Bangladesh a-t-il placé les Rohingyas dans des camps d’accueil au lieu de les faire réintégrer dans le pays vu qu’ils en sont originaires?

Vous allez comprendre en lisant la suite…

Les Rohingyas sont des Musulmans qui vivent principalement dans le nord de l’État d’Arakan ou Rakhine dans le sud-ouest de la Birmanie. Ils se distinguent des Arakanais qui sont bouddhistes et qui forment la majorité de la population de l’Arakan.

Durant l’Empire, les Britanniques avaient installé en masse une population musulmane, provenant du Bengale, dans la région d’Arakan, Rakhine, d’où «Rohingya» en Bengali, terme que les Musulmans ne commenceront d’ailleurs à utiliser que dans les années 1950.

En 1942, le général Wavel arma les Bengalis d’Arakan contre les Japonais déjà présents dans la région, dans le cadre d’une nouvelle stratégie de « Stay-Behind » et qui deviendra célèbre en Europe à l’occasion de la guerre froide. Mais, comme leur religion le leur impose, les Bengalis d’Arakan profitèrent de l’occasion pour étendre le « Dar al-Islam » (territoire islamique) contre les mécréants birmans, majoritairement bouddhistes.

Les « Musulmans d’Arakan » s’associèrent ensuite aux combats du Pakistan pour une sécession musulmane jusqu’aux terres birmanes. Déjà les Chittagong Hill Tracts, à la frontière nord de la Birmanie, et peuplés majoritairement de Bouddhistes étaient islamisés de force, provoquant des exodes massifs vers l’Inde qui se poursuivent actuellement et dont personne ne parle, bien entendu.

Alors le « Mujahid Party » d’Arakan exigea le 9 juin 1948, par la voix de son chef militaire Jaffar Kawal, que l’Arakan soit reconnu comme « le foyer national des Musulmans de Birmanie »

Cet ultimatum typique du djihad démographique étant resté sans réponse, les djihadistes bengalis d’Arakan attaquèrent les villages bouddhistes, notamment autour de Maungdaw avec le lot habituel de pillages, viols, incendies et enlèvements contre rançon. Un troisième djihad local fut déclenché lors de la guerre de sécession victorieuse du Pakistan Oriental (qui deviendra le Bangladesh) contre le Pakistan Occidental, en 1971.

Les Musulmans d’Arakan avaient pris parti au cri de ‘Pakistan Jindabad’ [Victoire au Pakistan] pour le Pakistan Occidental, qui les avait formés et armés contre le Bangladesh. Leur défaite allait les obliger à se distinguer de leurs frères bengalis en se propulsant dorénavant comme « Rohingyas » et non plus « Bengalis d’Arakan ».

Les armes qu’ils avaient accumulées allaient encore se retourner contre les mécréants birmans. Les Rohingyas exigèrent à nouveau leur indépendance et la création de leur propre État, à l’issue d’un Congrès pour la « Libération nationale Rohingya », tenu le 15 juillet 1972.

Ils constituèrent dans la foulée divers groupes armés dont notamment la RSO (Rohingya Solidarity Organization), l’ARIF (Arakan Rohingya Islamic Front), le RPF (Rohingya Patriotic Front), RLO (Rohingya Liberation Organization) et l’IMA (Itihadul Mozahadin of Arakan).

Les évènements actuels s’inscrivent donc dans une implacable logique islamisante répétitive, mais cette fois avec une aide internationale massive et cela n’a rien d’un hasard.

Les Rohingyas étaient reconnus en tant que minorité nationale, mais en 1962 le dictateur Ne Win qui a pris le pouvoir transforme leur situation.

Toutes les juntes militaires qui succèderont jusqu’en 2012 appliqueront une politique de « birmanisation » qui exclura toutes les minorités ethniques. En 1982, les Rohingyas sont privés de la nationalité birmane devenant de facto des apatrides mais ont le statut d’« associés » à la Birmanie.

Il faut savoir qu’à chaque conflit qui a opposé la Birmanie à l’Angleterre , les Rohingyas se sont toujours rangés du côté des Anglais, se mettant même à leur service dans l’armée et la police anglaise pour réprimer les Birmans pendant les guerres anglo-birmanes de 1824, 1852, 1886 et 1947. Cela se termina par l’assassinat du général Aung San, commandant les troupes birmanes d’indépendance, le père de la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi.

Dans l’esprit des Birmans, les Rohingyas sont des envahisseurs, des collabos , des ennemis et des traîtres. Cela peut certes se comprendre. Il suffit de se souvenir de ce qui s’est passé en Europe pour ceux qui avaient collaboré avec les Allemands.

A la fin de la colonisation anglaise, les Birmans ont repris leur indépendance en 1948 et se sont retrouvés dans un état de misère absolue.

Ce sera l’armée au pouvoir qui a relevé l’économie du pays. Les militaires accepteront de rétablir le processus de démocratisation tout en rétablissant l’ordre et l’économie et en 2016, l’opposition gagnera les élections.

Ce que personne ne raconte c’est l’extrême hostilité qu’ont toujours démontré les Rohingyas envers les Bouddhistes, et toutes les exactions qu’ils leur ont fait subir et dont j’ai déjà parlé plus haut. 

C’est à cette période que les Rohingyas commenceront vraiment à faire parler d’eux. Ils comptent presque un million d’habitants et ont en quelque sorte colonisé les montagnes de l’ouest de la Birmanie. Ils refusent de respecter les lois nationales et vivent selon la charia. Beaucoup de clandestins vivent cachés dans les montagnes.

Leurs leaders veulent et prétendent y créer un mini-califat islamiste.

Le droit du sol n’existe pas en Birmanie et l’état n’accepte pas de donner la nationalité aux clandestins ni à leurs enfants nés sur le territoire.

Déjà en 1978, il y eut une vaste opération militaire birmane, « Operation Nagamin », contre des extrémistes musulmans dans la région et 250.000 Rohingyas sont retournés au Bangladesh pour éviter les affrontements.

 

Pendant les années ’90 et 2000, les extrémistes rohingyas se sont rapprochés d’al-Qaeda qui entraînait les moudjahidines du Myanmar dans leurs camps en Afghanistan.

Au début 2010, la « Arakan Liberation Army » , un groupe de rebelles du Rakhine fondé en 1968 a intensifié ses activités militaires dans la région et ils étaient supportés financièrement par des donateurs d’Arabie Saoudite et du Pakistan. 

En 2012, les tensions entre les Bouddhistes et les Musulmans ont explosé en une révolte qui a coûté la vie à plus de 200 personnes obligeant les autorités à proclamer l’état d’urgence dans l’État de Rakhine, mais personne ne précise que tout a commencé quand un moine bouddhiste qui traversait un village pour se rendre à une festivité a été happé par les musulmans et tué.

Il faut savoir que les moines sont sacrés en Birmanie d’ailleurs ils ne se nourrissent que grâce aux offrandes du peuple, vous pensez bien que cet assassinat a mis le feu aux poudres.