Ignace de Loyola
Article rédigé par Bruno de Seguins Pazzis, le 20 novembre 2017 Ignace de Loyola

source[SAJE]Ignace de Loyola mêne une vie de courtisan et d’homme d’armes et s’adonne facilement aux plaisirs de la chair. 

 

Blessé lors aux deux jambes lors du siège de Pampelune, durant sa convalescence, il lit, parmi d’autres ouvrages, une vie de Jésus de Ludolphe le Saxon et un ouvrage qui relate la vie des saints (La légende dorée de jacques de Voragine). Commence alors un long chemin de conversion au cours duquel il va rejetter sa vie passée, devenir frère prêcheur au service des plus malheureux, commencer à rédiger Les Exercices Spirituels, rédiger un journal intime, avant de partir à Paris pour continuer ses études. Avec : Andreas Munoz (Ignace de Loyola), Tacuara Casares (la Princesse Catalina), Javier Godino (Xanti), Julio Perillan (Padre Sanchez), Mario de la Rosa (Calixto), Marta Codena (Ana, la prostituée), Pepo Ocio (Montes), Isabel Garcia Lorca (Dona Ines Pascual), Lucas Fuica (Don Beltram de Loyola), Ben Temple (Maestro Ardevol), Javier Tolosa (Lord Asparros), Aitor beltran (Cirujano), Luis Hostalot (Chanon), Gonzalo Trujillo (l’inquisiteur Alonso de Salazar Frias). Scénario : Paolo Dy et Cathy Azanza. Directeur de la photographie : Lee Briones Meily. Musique : Ryan Cayabyab.

 

Soldat, pécheur, saint…C’est le sous-titre qui accompagne le titre du film et qui définit parfaitement  la période de la vie d’un des plus grands saint de l’Eglise que couvre le film, de la jeunesse d’Ignace de Loyola jusqu’en 1528, date à laquelle, âgé de 37 ans, il part à Paris pour approfondir ses études religieuses. La vie de saint Ignace de Loyola fût portée une première fois à l’écran en 1949 par le cinéaste espagnol Jose Diaz Morales sous le titre El Capitan de Loyola, lequel avait également signé en 1942 un Jésus de Nazareth. El Capitan de Loyola, film en noir & blanc tourné au Mexique où le cinéaste a émigré depuis la Guerre d’Espagne, est une version d’une facture très honnête quoique bien marquée par son époque. Le réalisateur Philippin, Paolo Dy, s’empare plus frontalement du sujet en se concentrant sur cette période de la conversion du saint. Le projet du film a la particularité d’avoir été initié, financé et supervisé par la communauté jésuite des Philippines sous la conduite de la « Jesuit Communications Foundation » des Philippines. Débuté en 2011, le projet a abouti et la réalisation du film s’est terminée début 2016. Le film est sorti dans les salles fin juillet 2016 aux Philippines. Malheureusement, pas de sortie en salle en France ! Heureusement, Saje Distribution ayant acheté les droits, la diffusion en DVD est assurée en France depuis octobre 2017, mais ce mode de distribution limite la diffusion du film auprès d’un public déjà convaincu. Le film se limite donc à la période de la vie de saint Ignace qui court jusqu’à son départ pour Paris où il va approfondir ses études, c’est-à-dire bien avant qu’il ne fonde la Compagnie de Jésus, période comme le précise Paolo Dy qui est « celle de sa conversion ou, plus précisément, sur les deux côtés de sa conversion : le premier, quand il oublie son rêve d'être un chevalier au profit de celui d’être un saint ; et le second, quand il se rend compte de ce que cela signifie vraiment d’être saint ». Ce choix adroit permet d’atteindre le but que se sont fixé les initiateurs du projet : réaliser un film  « principalement pour les jeunes qui ont des difficultés à prendre des décisions cruciales dans leur vie ». Ainsi le scénario insiste sur le passage progressif d’Ignace de Loyola d’une vie mondaine de courtisan et d’hommes d’armes à celle de frère plus ou moins ermite, prêcheur, pauvre parmi les pauvres et les malades, long chemin de conversion qui débute, après les blessures profondes, aussi bien physiques et morales, de la guerre par une prise de conscience puis par une conviction, aussi profonde que les blessures, de la nécessité de servir le Christ. Ce chemin se poursuit avec sa vie de pèlerin, d’ermite jusqu’à son procès devant le tribunal de l’inquisition à Salamanque et dont le jugement ouvrira un nouveau chapitre de sa vie. Alors que ce cheminement se poursuit, le spectateur voit Ignace de Loyola écrire son journal intime et les Exercices Spirituels dont le but premier est de permettre à ceux qui les pratiquent de se déterminer dans leur choix de vie, Exercices Spirituels qui seront au centre du procès que lui fera l’inquisition. Le film illustre magnifiquement comment le futur saint s’abandonne totalement au Christ, se meurt dans le Christ et pour le Christ, le cinéaste parvenant selon ses propres mots qui étaient son objectif, à « donner de la visibilité à l'expérience émotionnelle et spirituelle d'Ignace, une expérience de conversion, d'illumination et, en fin de compte, la découverte de l'amour de Dieu ». Il y  parvient au moyen d’une mise en scène qui, en sus d’un classicisme brillant et d’une très belle photographie de Lee Briones Meily, sait, pour séduire un public de jeunes gens, utiliser un langage cinématographique didactique (indispensable notamment pour faire ressortir les notions de discernement, de consolation et de désolation qui sont au centre de la spiritualité ignacienne) et faire la part belle à quelques scènes d’action et de bataille, ainsi qu’à quelques séquences oniriques teintées d’une esthétique « gothique » mais dont le propos reste tout à fait « orthodoxe ». Certaines séquences ont une grande puissance émotionnelle comme celle au cours de laquelle l’un des frères d’Ignace de Loyola tente de le faire revenir à Loyola alors que celui-ci s’est déjà dépouillé de tout et qu’il entre dans sa nouvelle vie, ou celle avant qu’Ignace ne quitte sa famille et au cours de laquelle, forcé par ses frères d’armes à passer une soirée dans une maison de mauvaise vie, plutôt que de s’adonner au plaisir de la chair, il dialogue avec une prostituée qu’il mène à la conversion.  Mais nombreux sont les plans ou les scènes au détour desquels l’émotion surgit comme une manifestation de la grâce. Du cinéma beau et bien catholique.

Bruno de Seguins Pazzis