Article rédigé par Liberté politique, le 05 septembre 2017
[Source : Boulevard Voltaire]
Nous vivons dans un monde d’une grande dangerosité politique imprévisible avec des hommes forts tels que Erdoğan, Poutine, Xi Jinping, Trump, avec la course aux armements, l’invasion migratoire en cours de l’Europe et des États-Unis, un fou nord-coréen et des terroristes musulmans. En matière économique, la dangerosité est encore plus grande, mais prévisible.
Tous les gens sérieux sont déjà conscients du fait que la bulle de Wall Street est au plus haut, que le dollar surévalué peut s’écrouler du jour au lendemain, ce qui suffirait déjà à déclencher une crise mondiale.
Mais ce qui est beaucoup moins connu du grand public – et les médias se gardent bien d’en parler -, ce sont paradoxalement les chiffres publiés par les banques centrales du ratio d’endettement global de la plupart des pays occidentaux par rapport à leur PIB. Si l’on examine la période de 1980 à nos jours, on est stupéfait d’apprendre que l’endettement global public et privé du Japon est passé de 320 % au chiffre ahurissant de 600 %, le seul facteur de stabilité de ce pays étant que la dette est détenue par les Japonais et par la banque centrale japonaise, arme très risquée à double tranchant.
Pendant cette même période de 1980 à nos jours, le ratio d’endettement global des États-Unis est passé de 160 % à 400 %, celui de la Chine de 100 % à 400 %, celui de l’Australie de 200 % à 350 %, celui du Canada de 250 % à 350 %. Quant à la zone euro qui avait déjà atteint un endettement global de l’ordre de 350 % en l’an 2000, elle approche aujourd’hui les 500 % ! Et le bouquet, c’est que ces chiffres n’incluent pas les dettes non provisionnées telles que les paiements des retraites des fonctionnaires par le gouvernement français, les garanties diverses hors bilan publiques ou privées telles que les prêts irrécouvrables faits à la Grèce, les garanties données par le gouvernement italien pour sauver ses trop nombreuses banques en faillite..…
La croissance mondiale retrouvée que l’on nous vante tant ressemble donc, en fait, à celle d’un drogué alimenté par des dettes. Que va-t-il se passer lorsque les prêteurs vont commencer à prendre peur en exigeant des taux plus élevés pour prêter et le remboursement quasi impossible de leurs dettes ?
Si l’on examine les taux d’intérêt depuis 1800 jusqu’à nos jours, il est possible d’affirmer que le taux d’intérêt moyen à long terme est de l’ordre de 6 %. Or, le taux actuel à long terme est d’environ 2 %. Si l’on prend l’exemple de la France en simplifiant à l’extrême d’une façon schématique et brutale, remonter les taux d’intérêt à long terme de 4 % correspond, pour un PIB de l’ordre de 2.000 milliards d’euros, à un effort supplémentaire de 80 milliards d’euros. La France n’arrive déjà pas à équilibrer son budget avec un déficit de 3 % du PIB et alors que son endettement à long terme augmente continuellement de 3 % par an ; elle serait donc en faillite et dans l’impossibilité de faire face à un déficit structurel de 7 % du PIB si le taux d’intérêt à long terme augmentait seulement du minimum théorique normal de 4 %.
Le point d’origine de tous les maux économiques occidentaux a été la décision de Nixon en 1971 de supprimer la convertibilité du dollar en or et d’obliger malgré tout le monde à considérer le dollar comme une monnaie de réserve aussi fiable que l’or. Le laxisme avait été, en fait, introduit par les États-Unis dans le système financier international et il ne fallait pas compter sur des politiciens sans vision autre que d’être réélus pour ne pas avoir recours à l’endettement public et privé d’une façon folle et déraisonnable.
Le monde va vivre dans les prochaines années un krach économique épouvantable avec des conséquences géopolitiques, sociales, territoriales, révolutionnaires inimaginables sur l’ensemble de la planète. Du chaos et de la folie humaine émergera alors au moins sur le plan économique un seul garde-fou : l’or, ce que Poutine, Erdoğan et Xi Jinping ont déjà parfaitement compris.