Article rédigé par Georges Michel, le 11 juillet 2017
On a du mal à voir sa ligne politique. Ou plutôt, on la voit se dessiner en creux, ce qui n’est pas du meilleur effet.
Chez les LR, dans les deux années qui précédèrent la présidentielle, pour exister ou faire croire que, il fallait être candidat. Il ne se passait pas une semaine sans qu’on nous annonce une candidature à la candidature à cette fameuse primaire. En quelque sorte, il fallait en être. Même Christian Estrosi et Geoffroy Didier se joignirent, un moment, à ce monôme furieux : c’est dire ! Eh puis, il y eut les tentatives de candidature hors du circuit officiel : Alliot-Marie, Guaino qui furent à la primaire de la droite et du centre ce que sont les épiciers de quartier aux commerces franchisés. On sait ce qu’il en advint…
Aujourd’hui, il semblerait que la mode ait changé. Pour faire parler de soi, il vaut mieux déclarer qu’on ne sera pas candidat à la présidence des LR. Au pays merveilleux des LR, on va donc de non-candidature en non-candidature. Ce fut le cas de Xavier Bertrand, il y a tout juste deux semaines. Dans un entretien au JDD, le président de la région Hauts-de-France annonçait, modeste comme toujours, que « même si j’ai conscience que je peux l’emporter, je ne serai pas le responsable d’une nouvelle guerre des chefs. Je ne crois plus aux partis politiques à l’ancienne. » Et d’ajouter que, face à Laurent Wauquiez, sa petite camarade, la présidente de la région Île-de-France, « Valérie Pécresse ferait une très bonne candidate ». En gros : bon, ma belle, si tu veux aller au carton, vas-y. Moi, je jette l’éponge. D’ailleurs, j’ai fait don de ma personne à ma région (et pas le contraire).
Mais, patatras ! la même Valérie Pécresse, dans le même JDD, vient d’annoncer qu’elle aussi ne serait pas candidate à la présidence des LR. Nous nous acheminerions donc vers le trop-vide. Quand on pense que de Gaulle ironisait en estimant qu’il fallait redouter le trop-plein politique après sa disparition. C’est bien la preuve que le gaullisme est mort !
Dans cet entretien au JDD, Valérie Pécresse justifie, tout comme son collègue nordiste, sa non-candidature par sa volonté de ne pas participer « à une guerre des chefs, parce qu’elle serait stérile tant que la question de la ligne n’est pas tranchée ». Nous y voilà. Et cet argument a l’immense mérite de la cohérence.
Un argument qui devrait, d’ailleurs, traverser l’esprit de toutes – Toutes ? Toutes… – les formations politiques, notamment à la droite et droite extrême de l’échiquier, en ces temps de dé-recomposition politique. Quelle ligne veut-on défendre et suivre ? Macron l’a, du reste, bien compris : je crée ma propre ligne, comme on crée une ligne de produits. Il se trouve que cette ligne, c’est lui. Mais bon, ça, c’est une autre histoire… Car ce n’est pas le programme qui est essentiel, c’est la ligne. Nuance. Et ceux qui moquaient l’absence de programme chez Macron, lorsqu’il déclarait que « c’est une erreur de penser que le programme est le cœur » d’une campagne électorale, assumant pleinement la dimension « mystique » de la politique, peuvent s’en mordre aujourd’hui les doigts.
Mais pour en revenir aux propos de Mme Pécresse, il faut avouer, en revanche, que l’on a du mal, justement, à voir sa ligne politique. Ou, plutôt, on la voit se dessiner en creux, ce qui n’est pas du meilleur effet. Car elle veut « incarner une droite authentique : ni soumise à Macron, ni poreuse avec le FN ». Mme Pécresse, qui a ses valeurs ou ses vapeurs, veut donc cultiver l’authentique, comme Ugolin dans Jean de Fleurette, c’est-à-dire sans savoir ce que c’est vraiment. Ou, tout du moins, sans nous le dire. Une droite pas poreuse ou plutôt une droite vaporeuse : comme depuis trente ans, finalement.
Source : Boulevard Voltaire