Article rédigé par Guillaume de Thieulloy, le 09 mai 2017
Au lendemain de cette campagne présidentielle inédite, la droite française est en miettes.
En miettes électorales, d’abord. Après 5 ans de socialisme, plus de la moitié des suffrages se sont reportés sur des candidats de gauche – alors même que toutes les études d’opinion montrent que la droite est largement majoritaire.
Plus grave encore pour l’avenir, la « droite de gouvernement » n’a même pas réuni 20 % des suffrages exprimés.
Cela en dit long sur le peu de confiance que les électeurs de droite ont dans leurs « représentants ».
Et cette défiance est amplement justifiée. Les abandons, les lâchages et les trahisons se sont comptés par dizaines au cours de cette campagne.
Et ce n’est pas fini, puisque des Estrosi ou des Le Maire, qui doivent tout aux électeurs de droite, jouent les lèche-babouches devant le nouveau satrape socialiste pour en obtenir de nouvelles prébendes.
Mais le plus grave ne réside sans doute pas dans cette sinistre et pitoyable comédie humaine.
Le plus grave réside, sans nul doute, dans la débâcle idéologique.
Alors qu’au plan culturel, la droite remporte depuis plusieurs années la bataille des idées, alors que les pseudo-intellectuels de gauche sont totalement discrédités, et que personne n’a plus rien à répondre, sur les plateaux de télévision à Éric Zemmour, les derniers défenseurs du mitterrandisme culturel sont les dirigeants de la droite – comme toujours en retard d’une guerre.
C’est ainsi que M. Fillon n’a pas voulu défendre le pan « civilisationnel » de son programme : une fois désigné par les primaires, il n’a plus voulu porter ce discours, trop sulfureux aux yeux des caciques LR – discours selon lequel la France n’est pas une nation islamique, et selon lequel la famille est la cellule de base de la société.
Il est clair que les 460 000 voix qui le séparent de Marine Le Pen sont, pour l’essentiel, des électeurs de droite excédés de ces atermoiements. Ce qui signifie qu’un candidat qui aurait assumé tranquillement la « ligne Buisson » l’aurait emporté.
Ce qui a tué le candidat LR est manifestement sa soumission à la bien-pensance juppéiste.
Mais, au FN, la situation idéologique n’est pas nettement meilleure. Alors que Marine Le Pen avait mené une efficace campagne, au cours des 3 derniers mois, sur la « ligne Marion » (très proche d’ailleurs de la ligne Buisson), elle a profité de l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, non pas pour « droitiser » encore son discours, mais, au contraire, pour s’adresser aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, selon le principe de la « ligne Philippot » : réunir tous les électeurs du non au référendum sur le Traité constitutionnel européen.
Paradoxalement, cette situation critique est également une excellente occasion de clarifier les choses.
De toute évidence, LR va exploser à la faveur des législatives. Il n’est pas possible de faire campagne contre le programme socialiste d’Emmanuel Macron, après en avoir fait le sauveur de la France. D’autant qu’un nombre significatif de dirigeants LR lui font les yeux doux.
Quant au FN, son net échec au second tour le force également à des révisions déchirantes.
Le pire des scénarios serait que rien ne change : que LR garde sa ligne centriste, méconnaissant les motivations des électeurs de droite, et que le FN continue à « geler » un quart de l’électorat, sans possibilité d’alliance.
Mais la colère des électeurs de droite pourrait bien avoir raison de l’immobilisme des « élites ». D’autant que, grâce à Nicolas Dupont-Aignan, l’oukase mitterrandien contre l’entente à droite a enfin été renversé.
Guillaume de Thieulloy