2ème tour des présidentielles : la bourse, ou la vie?
Article rédigé par Franck Kairos, le 02 mai 2017 2ème tour des présidentielles : la bourse, ou la vie?

En guise d’introduction, retenez seulement ce ceci : ce texte ne se veut pas une incitation partisane en faveur de « la haine », mais un appel à la cohérence.

En ces moments agités d’entre-deux tours, où nous sommes appelés à poser des choix potentiellement cruciaux, essayons de prendre un peu de recul, et de distinguer ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas. De tout ce que l’on peut entendre ces jours-ci comme discussions, disputes, débats passionnés ou conversation apaisées, il semble qu’émergent deux critères principaux sur lesquels les catholiques se fondent pour décider de leur vote. Et ces deux critères se résument dans une expression bien connue : « la bourse ou la vie ? »

La bourse, c’est évidemment l’aspect économique : quel est le programme le plus approprié ? Qui va relancer la croissance ? Qui sauvera l’économie ? Le programme de la gauche, libéral, n’était si l’on regarde bien qu’un plagiat de celui de droite. Autrement dit pas de grandes différences, et il n’est donc pas étonnant que ceux pour qui ce critère prenait une part importante dans les décisions ne se soient pas si mal portés sous Hollande, même s’ils auraient préféré Sarkozy. On nous prédisait l’apocalypse en 2012, en réalité il y eut plus de peur que de mal pour la bourse. Les électeurs n’ont de ce point de vue-là rien à envier au programme de l’une ou l’autre des deux tendances.

La vie en revanche, c’est tout ce qui touche à l’existence humaine : l’enfant à naître, l’enfant à adopter, le mariage, la famille, la santé, la fin de vie. Et là-dessus la donne n’est plus la même. La gauche se montre généralement plus vindicative sur ces sujets, plus progressiste, et emprunte moins d’idées, là où la droite affiche d’autres priorités. Donc pour résumer : que va-t-il arriver à mon argent, ou que va-t-il arriver à mes enfants ?

 

Il se trouve qu’aujourd'hui, 5 ans après le drame électoral de 2012 auquel nous avons économiquement survécu, nous nous retrouvons face à une problématique, somme toute, similaire. Se présentent le digne successeur de François Hollande d'une part, et « l'extrême-droite » de l'autre. Le premier est jeune, riche, dynamique, énarque, banquier chez Rothschild, ancien ministre de  l’économie doté d’un gros appétit et c'est un produit intégral de la sphère financière et médiatique. Tout le monde le sait, tout le monde le voit, les médias qui n'ont pas eu la chance de participer à sa fabrication se vengent en nous montrant son vrai visage. Cet homme, nous le savons aussi, n'est clairement pas un défenseur de la vie. Son programme comporte une belle continuité avec ce que Hollande n'a pas eu le temps de mettre en place, aussi rassurons-nous : tout ce qui manque à la destruction de la famille et de la vie sera pourvu. Parce que c'est son projet. Et nous le savons tous.

La seconde porte sur elle l’étiquette de l’extrême droite, accompagnée de sa trop fameuse haine. Mais surtout, avouons-le : c’est son programme économique qui fait peur. Parce que si nous regardons les questions de la famille et de la vie, c’est plus encourageant qu’affolant. Seulement voilà : il se trouve que parmi les motifs de l'électorat catholique, il y a la peur, les affects et... l'économie. Car enfin nous sommes en crise, la dette atteint des sommets, le chômage nous environne, et malgré tout nous vivons dans un relatif confort entretenu par les tours de passe-passe de ceux qui nous gouvernent. Une question se pose donc aujourd’hui : selon quel critère devons-nous choisir ? Et nous nous retrouvons hélas dans ce paradoxe où bon nombre d’entre nous seraient prêts à choisir la bourse au lieu de la vie… Allons-nous penser à notre portefeuille, ou aux plus faibles ? Allons-nous penser en catholique, ou en banquiers d’affaire ? Que nous importe la croissance, si son prix est la mort ? Ceux qui se sont revendiqués de la stratégie du moindre mal au premier tour, et s’en accommodaient fort bien, peuvent-ils décemment prétendre que le banquier est un moindre mal ?

 

Il n’y aura pas de réponse en conclusion. Juste un souhait, une prière : « Puissions-nous avoir la sagesse de percevoir ce qui est juste, la volonté de le choisir, et la force de le défendre en toute circonstance. »