Article rédigé par Marion Duvauchel, le 18 avril 2017
Femme 2.0, cela porte un autre nom : Cyborg. On se croirait presque dans « Matrix », on est en réalité au cœur de la réalité qui est déjà la nôtre et qui est en train de s’implanter au niveau mondial.
Femme 2.0, est d’abord un fantasme délirant issu de philosophies ineptes mais qui ont réussi à s’imposer et qui sous-tendent ce que Laetitia Pouliquen appelle avec justesse : « l’agenda transhumaniste et posthumaniste ». Elles se fondent sur un changement dans l’idée même de nature humaine, déformais conçue comme à l’intersection de l’homme et de la machine ». On doit cette philosophie à un obscur épigone britannique de Nietzche, Max More, qui en a jeté les bases en 1990 : c’est une « posture philosophique qui entend nous guider vers la condition post-humaine ».
Comment en est-on arrivé à cette folie pure mais qui fonctionne dans le réel et qui construit une nouvelle sphère économique, la procréatique : l’ouvrage de Mme Pouliquen l’établit, avec une clarté magnifique et une documentation glaçante, en trois chapitres.
Cela a commencé par les revendications féministes. Première étape de cette pseudo libération, l’arsenal contraceptif – pilule et avortement – suivi de la procréation médicalement assistée, la sous-traitance de la maternité et la dernière étape qui démarre tout juste : le marché procréatique et la Bioéconomie, autrement dit l’économie du vivant.
Au sortir de ce premier chapitre, -« mon corps m’appartient »- les plus informés sont déjà en état de sidération devant les conséquences actuelles de ce slogan du féminisme. En réalité, ce corps n’appartient plus à la femme, il appartient désormais à la société technologique, formidable « corps » à l’intérieur de toutes les sociétés humaines.
Car la manière dont ce corps est traité dépend de la manière dont il est conçu, donc de l’anthropologie qui sous tend toute société. Le paradigme anthropologique qui est le nôtre a changé, désormais, c’est le « gender » qui est promu dans nos écoles et lycées. C’est le chapitre II : le « gender » est le nerf du vaste process d’affranchissement des données biologiques qui est le projet de cette anthropologie nouvelle, qui d’ailleurs une fondement simple : « la femme ne peut être pensée comme différente ».
Si on voulait détruire l’intelligence, on ne procèderait pas autrement. Au fondement de la pensée, il y a la capacité de distinguer, et d’établir un lien…
L’autre idée simple au cœur de ce dispositif de destruction : la différence est une inégalité, qu’il faut éradiquer. On y découvre entre autres les interprétations nouvelles dont une qui ferait rire si la réalité n’était aussi terrible : les femmes sont toutes lesbiennes. Ah bon…
Surtout, ce chapitre décrit le marché de la GPA. Un exemple parmi ceux qui sont donnés suffit à éclairer sur le malheur qui attend les peuples pauvres : rien que le marché indien de la fertilité est évalué à 46 milliards. Cela s’explique : le coût d’une mère porteuse en Inde s’élève à 25 000 dollars, tandis qu’aux Etats Unis, il se situe de 100 000 à 150 000 dollars. Tout se congèle, sang menstruel, ovocytes, placenta…
Qui pourrait s’étonner encore dans un tel contexte, - dans une telle barbarie - d’apprendre que les agressions sexuelles d’enfants envers d’autres enfants soient en augmentation …
Le « gender » n’est que la première étape. L’anthropologie qui arrive, qui est déjà là, qui va supplanter le gender qui n’a fait que la préparer, c’est celle de l’homme-machine, le Cyborg.
Les conséquences en sont dévastatrices, sur la femme, qui sera dépossédée de son corps, de sa personne, de sa liberté et aussi de sa maternité. Or, la maternité, c’est le don de soi, la dépendance du petit enfant, et tout ce que ce lien fondamental implique, souvent la racine consciente ou inconsciente de notre capacité au « lien », donc à l’amour.
« Tous ceux qui travaillent à la perspective transhumaniste veulent le bonheur de l’homme… », écrit Mme Pouliquen avec une certaine bienveillance.
Qui peut le croire quand on connait les formidables enjeux financiers de ce nouveau marché. La perspective transhumaniste ne veut pas le bonheur de l’homme, elle veut son asservissement à des fins marchandes. Lire ce livre c’est avoir une idée plus précise des responsabilités, ainsi que des chemins d’espérance. Le faire connaître, le prêter, le diffuser, c’est résister.
Encore un mot : merci à l’auteur pour cette petite merveille d’information intelligente, - au niveau mondial - nette, sans pathos, qui projette une lumière crue et vraie sur ce qui se passe déjà et ce qui risque de se passer, de pire encore. Et bravo à la maison d’édition qui a publié ce petit livre.
Ouvrage :
Laetita Pouliquen, Femme 2.0
Féminisme et tranhumanisme : quel avenir pour la femme
Saint Léger éditions - 2016