Les cocus du Trocadéro
Article rédigé par Cyril Brun, le 09 mars 2017 Les cocus du Trocadéro

Les cocus du Trocadéro ou Fillon l’indécrottable du système ?

Ils étaient venus, sous la pluie. Certains s’étaient levés tôt pour prendre le train ou le bus du fin fond de cette France qu’il leur jurait, main sur le cœur, larme à l’œil, représenter, lui le sarthois de Solesmes et des rillettes. Ils ont bousculé une seconde fois le système qu’il avait déjà taclé aux primaires, en venant se masser drapeaux tricolores en mains sur cette place débordante de toutes parts. 

Ils étaient exaspérés de voir qu’une fois encore depuis des décennies, les élites auto-proclamées, voulaient leur voler cette France qu’ils bâtissent jour après jour de leur labeur, cette nation phare de l’Occident comme de l’Orient qu’ils inscrivent dans l’histoire par leur famille, cette terre qu’ils ont hérité de leurs parents pour la transmettre à leurs enfants et qui a toujours su accueillir ceux qui en avaient besoin. Ils sont venus constituer le rempart vivant de leur 200 000 personnes, au nom de millions d’autres, silencieux ou non, à la dictature du système qui les étouffe, les méprise et pour tout dire les hait, mais qui tremble de perdre son emprise totalitaire sur ces vaux qu’ils ont appris à contourner.

Ils sont venus dire non aux referendums volés par un appareil vendu à ses intérêts personnels. Ils ont bravé la pluie pour faire taire les mensonges d’une presse corrompue à l’idéologie mortifère qui tue leur famille, leur travail et leur terre. Ils se sont massés pour qu’on ne leur vole pas une nouvelle fois le mince filet victorieux des Primaires. Parmi eux, n’en déplaise aux bobos qui paniquent de ne plus pouvoir les faire taire, des jeunes, des anciens, des femmes, des hommes qui avant d’être de droite portent en eux le désir de la liberté et de la vérité. La liberté de choisir son destin et non de voter par défaut pour le moins pire des candidats que lui imposent médias et apparatchiks d’un même système. La liberté de rester debout dans ce champ de ruines érigé, en leur nom, par des élus non du peuple mais de partis. La liberté d’être des hommes et des femmes responsables et non réduits à des pions manipulés par la bien-pensance qui ne leur ressemble pas. En un mot le peuple de France qu’il soit de droite ou de gauche entend défendre sa liberté de choisir en vérité. Une vérité qu’on leur refuse, par la désinformation. Une vérité qu’on truque par les sondages et les petits arrangements de coulisses. Une vérité qu’on leur tait pour les priver d’un choix libre et responsable.

Le peuple de droite, peuple majoritaire en France, n’en peut plus de se voir contraint de choisir entre la droite du centre et le centre de la droite. Un peuple de droite qui menace d’explosion d’être caricaturé en extrême parce qu’il défend la vérité de l’Homme, la vérité de l’histoire, la vérité de son pays, la vérité concrète contre l’illusion mortifère d’une fuite en avant idéologique. Un peuple qui ne tolère plus qu’on utilise ses impôts pour nourrir le système et l’idéologie qui le tond comme les vils moutons méprisés qu’ils ne supportent plus d’être. Un peuple qui refuse d’être mis dans la case raciste parce qu’il pense que la France n’est pas qu’une idée. Un peuple qui gronde d’être stigmatisé comme intolérant parce qu’il ne peut que constater les mensonges iréniques du communautarisme qui sous couvert de tolérance ne fait que juxtaposer des bombes à retardements. Un peuple qui n’entend plus se laisser dicter le bien et le mal par la dictature d’un système autosuffisant qui n’est là que pour nourrir ceux qui s’engraissent sur son dos.

Non le Trocadéro n’a pas donné un blanc-seing à François Fillon ! S’il est venu en masse c’est pour ne pas être cocufié par le système qui ne veut pas entendre sa voix. Les 200 000 pèlerins du Trocadéro ne sont pas venus, nostalgiques du Trocadéro de Sarkozy, moins encore clamer l’innocence de François Fillon, ils sont venus rappeler que la droite est à droite ! Mais faudra-t-il à peine 5 jours au candidat sauvé des eaux, par ce peuple de droite de conviction pour montrer son mépris à ceux-là même qui lui ont permis de s’imposer à l’appareil politique qui, depuis le début, ne veut pas de lui. Acceptera-t-il cet accord (antérieur au Troca) signé in extrémis par l’UDI qui a peur tout  coup de tout perdre ? Donner 96 circonscriptions à l’UDI serait rien moins que cocufier le peuple du Trocadéro. Que l’équipe de conseilleurs de monsieur Fillon se rappelle de la jurisprudence Jospin qui à moins de 200000 voix a perdu la qualification au second tour de la présidentielle.

Alors que, clairement, l’hémorragie des soutiens Fillon se fait vers Marine Le Pen, il serait bon que celui qui dénonçait les manigances du système se rappelle que ce n’est pas lui que le peuple a soutenu, mais que cette victoire des primaires, ce peuple qui en est l’auteur pourrait la reprendre. Elle est la sienne, il a le droit d’en disposer. J’ai dit ailleurs que le vote utile du premier tour de la primaire avait été non seulement inutile, mais avait réduit les catholiques à néant. Aucune négociation, des investitures qui ne se comptent pas sur les doigts de la main, alors que les médias assurent que Fillon est passé « à cause des catholiques ». Pourquoi un tel mépris de l’assise même de son camp, sinon parce que le candidat Fillon, non seulement se moque des catholiques, mais aussi parce qu’il est persuadé qu’ils lui sont acquis. D’où le soufflet méprisant à l’investiture de Xavier Lemoine. Un mépris pour l’homme et son engagement, un mépris pour le terrain qu’il incarne, balayé pour des calculs d’officines parisiennes, de la part d’un homme qui jure ses grands dieux être de cette France profonde, un mépris enfin des catholiques qui ont répondu nombreux à l’appel du Trocadéro.

Les catholiques vont-ils comprendre, enfin, qu’ils sont les premiers cocus du Trocadéro ? Vont-ils laisser une fois encore passer ce soufflet ? Alors à quoi bon soutenir un candidat qui ne leur accordera rien, pas même les miettes du système dont, s’il ne touche pas à l’accord UDI, il restera un indécrottable représentant. Dans le cadre de la diversité, François Fillon donne des gages à tout le monde. Des gages, il est vrai cohérents avec son programme, lui-même globalement ficelé. Mais alors, pourquoi les catholiques seraient-ils les seuls dindons de la farce à ne pas conditionner leur vote, monnayer leur voix ?

Il va falloir que François Fillon donne des gages aux catholiques, parce que les déçus trouveront aisément à se répartir entre un Macron illusionniste, mais qui les séduits et un Front National qui, bien que n’étant plus celui de Jean-Marie Le Pen, leur a toujours fait de l’œil. Non, le vote catholique n’est pas acquis, mais le déficit militant de la population catholique risque de diluer ce mécontentement dans « le moins pire » du système, plutôt que peser fortement sur un candidat qui ne peut pas gagner sans nos voix. Nous pouvons faire gagner nos convictions comme les faire perdre par le simple jeu de notre poids. François Fillon peut passer sans les voix catholiques, mais ce n’est pas assuré du tout. Mais s’il passe sans que ces voix ne soient explicitement négociées, il aura beau jeu de nous méprise encore. Nous pouvons aussi poursuivre notre route défaitiste et ne rien dire et diluer notre vote… ailleurs. Cela fera peut-être perdre Fillon, mais a peu de chance de faire gagner nos convictions que nous n’avons aucune possibilité de négocier à gauche, Macron, comme Hamon ont été clairs. Et guère plus de l’autre côté, tant que la tendance Philippot sera aux commandes. Laquelle tendance, soit dit en passant, représente la même fracture entre l’appareil frontiste et sa base qu’entre le peuple de France et le système qui les ignore. Les catholiques divisés de part et d’autre du cordon sanitaire établit par la République du médiatiquement correct seront confrontés au même problème de poids que leur émiettement affaiblit d’autant.