Quand François Hollande fait l’éloge de la franc-maçonnerie
Article rédigé par La rédaction d'Aleteia, le 01 mars 2017 Quand François Hollande fait l’éloge de la franc-maçonnerie

[Source : Aleteia]

Retour sur la visite du président de la République au siège du Grand Orient de France, lundi 27 février.

Lundi 27 février, François Hollande était en visite au 16 rue Cadet, siège du Grand Orient de France (GODF), la plus grande obédience maçonnique française, afin de participer à la commémoration du 300e anniversaire de la franc-maçonnerie « moderne »*. Après un passage au musée de l’institution, le président de la République a prononcé un discours des plus élogieux à l’égard des « frères », honorés comme penseurs puis théoriciens et promoteurs de la démocratie et de la République française. Extraits.

« C’est vrai que c’est la première fois qu’un président de la République française en exercice franchit la porte du 16 de la rue Cadet ». Si le début du discours tient du bref rappel historique, évoquant notamment le « lieu de mémoire » qu’incarne le siège du GODF, François Hollande a poursuivi son allocution en saluant différents aspects de l’action des maçons. À commencer par la Révolution française : « La maçonnerie n’a pas fait la Révolution française, mais elle l’a préparée ». Il poursuit : « Tout au long du XIXe siècle, les francs-maçons se battent pour l’avènement de la République », en insistant sur le rôle fondamental de l’institution dans l’élaboration des lois à cette même époque : « La plupart des lois de liberté adoptées entre 1870 et 1914 ont été réfléchies et travaillées dans les loges ».

Un éloge qui n’a tout de fois rien d’étonnant si l’on se remémore son passage devant le même GODF, en novembre 2011, alors qu’il était candidat à la présidence de la République :

« Remettre l’argent au rôle d’outil et non pas de fin » : le discours « utopique » de l’ancien grand maître Guy Arcizet (à partir de 6’20) ne manque d’ailleurs pas de saveur lorsqu’il évoque les « cléricatures » de l’argent, de l’argent devenu « une mystique ». Fustigeant les liens qui unissaient les premiers ministres d’Italie, de Grèce ou les membres de la Banque centrale européenne à la banque américaine Goldman Sachs, à l’origine de la crise financière dont le monde sortait à peine, le premier maçon de France a peut-être inspiré le discours du Bourget qui, deux mois jour pour jour plus tard, verrait François Hollande déclarer la guerre à la finance…

Poursuivant son apologie de la franc-maçonnerie en tant que vecteur de promotion des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité – des révolutions sociétales aussi, que notre pays a connu au cours du siècle passé : séparation des Églises et de l’État, école publique laïque et obligatoire, Sécurité sociale, avortement et dans une moindre mesure, mariage homosexuel – François Hollande n’a pas hésité à vanter les avancées réalisées pendant son quinquennat sur l’euthanasie : « Parmi beaucoup de causes qui mobilisent la franc-maçonnerie, il y a la défense de la dignité humaine. Parce que les maçons ont toujours considéré l’être humain en tant que tel, vous êtes à la pointe des combats actuels contre la douleur, pour le droit à mourir dans la dignité ». C’est en effet une idée chère aux maçons, qui n’entendent pas promouvoir le droit à l’euthanasie au bénéfice des seuls adultes mais militent pour qu’il soit étendu aux enfants.

Quand les « frères » rejoignent une vision chrétienne du progrès humain… le Président les rappelle à l’ordre

Parce qu’ils sont attachés au déploiement de la raison et à l’émancipation politique ou intellectuelle de l’homme par ses seules facultés personnelles, le transhumanisme est un point sur lequel les francs-maçons sont aussi prudents et critiques que les catholiques. Plus royaliste que le roi, François Hollande de les encourager alors à s’en emparer : « Vous avez aussi voulu penser les mutations inouïes que les nouvelles technologies du vivant nous laissent deviner : c’est ce qu’on appelle le transhumanisme ou l’homme augmenté. C’est une question redoutable : jusqu’où permettre le progrès car le progrès ne doit pas être suspecté, nous devons le favoriser. Comment faire pour que nous puissions maîtriser ces graves questions éthiques ? Ce qui est en jeu c’est l’idée même d’humanité, de choix, de liberté (…) ». Outre le danger de telles avancées technologiques pour l’homme, le transhumanisme a pourtant fait la démonstration de sa détestation de l’homme dans sa finitude physique, intellectuelle, morale.

Ayant reconnu par le passé qu’une carrière politique en France peut naître dans la franc-maçonnerie, le Président, parvenu au crépuscule de son mandat et n’étant pas candidat à sa succession, a peut-être voulu démontrer par sa visite, que cette carrière peut aussi trouver sa fin dans la franc-maçonnerie.

 

* Apparue en Écosse en 1598 sous forme d’association philosophique et philanthropique, la franc-maçonnerie se développe ensuite en Angleterre. Ordre initiatique, ésotérique, secret, appuyé sur un système de morale illustré par des symboles, il s’organise en obédiences depuis 1717. La franc-maçonnerie dite « opérative » formée par les corporations de bâtisseurs cède alors peu à peu la place à la franc-maçonnerie dite « spéculative » autrement dit, philosophique. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour qu’apparaisse une branche libérale, « adogmatique » (dont le GODF est issu), qui se sépare de la branche majoritaire traditionnelle dite « théiste », attachée à la foi en un Dieu Créateur (le Grand Architecte de l’Univers) – ou pour certaine, en la Trinité – et en l’immortalité de l’âme. Les loges d’Europe occidentale sont majoritairement athées tandis que les loges anglo-saxonnes sont majoritairement chrétiennes (protestantes). La ferme condamnation de la franc-maçonnerie par l’Église fut constante du XVIIIe siècle à nos jours, visant notamment son « relativisme philosophique et moral ».