Article rédigé par Famille Chrétienne, le 23 février 2017
[Source : Famille Chrétienne]
À Lyon, le Père David Gréa, curé de la paroisse Lyon Centre Sainte Blandine a été déchargé de ses fonctions. « Il a fait part au cardinal Barbarin de ses questions liées au célibat sacerdotal et de sa décision de s’engager dans la vie conjugale », indique le communiqué diffusé par le diocèse de Lyon. Sur les réseaux sociaux, plusieurs prêtres ont souhaité réagir en rappelant la beauté et l'importance du célibat sacerdotal. Quatre beaux témoignages à lire.
Père Louis-Marie Guitton : « Nous aimons ce célibat. Non pas pour lui-même, mais pour vous et pour Jésus ! »
« Il se trouve que je viens de voir le film "Silence", dont on a beaucoupcp débattu. Il résonne profondément en moi alors que je pense au départ de David. "Quelle est la place pour un homme faible dans notre monde?" se demande le serviteur traître et "pluriapostat". Oui, miséricorde pour les pécheurs ! Mais cela n'empêche pas de faire quelques remarques. Plusieurs ont rappelé la beauté et l'importance du célibat pour nous, prêtres... Non pas une histoire d'immaturité affective, mais un don librement consenti par amour! Nous aimons, figurez-vous, ce célibat. Non pas pour lui-même, mais pour vous et pour Jésus! Comprenez que nous puissions simplement être tristes à l'annonce d'un tel départ! Ou alors serions-nous les seuls à ne pas pouvoir nous attrister face à un événement malheureux ? Epargnez-nous de grâces les commentaires déplacés sur le courage ou l'audace dont ce prêtre aurait fait preuve ! Une infidélité, un adultère, un divorce, un abandon de famille ne sauraient être appelés "heureux". C'est même douloureux. Quels sont les enfants qui se réjouissent de la séparation de leurs parents ?
Permettez que nous soyons aussi, et même d'abord, des hommes capables de nous émouvoir, de souffrir et de compatir. Cet épisode, déjà qualifié par certains de chance et même de grâce, laissera assurément des traces profondes. Bien sûr nous sommes fragiles et faillibles, cela n'est pas étonnant. Nous sortons d'ailleurs de l'Année de la Miséricorde: qui sommes-nous pour juger ?
Comprenez également que ce départ annoncé de manière si désinvolte puisse en blesser plus d'un. Le père David était au coeur d'une initiative "emblématique" d'évangélisation... Combien ont d'ailleurs été touchés par les multiples apostolats développés autour de Lyon Centre ? Au-delà de sa personne, c'est tout une communauté et un diocèse qui sont concernés. Qui ne voit pas déjà poindre les critiques et les doutes sur la mission ainsi déployée? Bien sûr, c'est sur le rocher qui est le Christ qu'une paroisse repose. Mais on a peut-être trop attendu de Ste Blandine pour que certains ne soient pas tentés de jeter le discrédit sur tout élan de renouveau pastoral et missionnaire.
Alors
Oui, c'est une nouvelle triste et douloureuse.
Oui, c'est la prière qui convient plus que les commentaires.
Oui, le célibat sacerdotal est un charisme auquel nous tenons
Oui, c'est courageux et audacieux d'y être attaché pour être plus libre de se donner.
Oui, miséricorde et pardon pour les pécheurs.
Mais,
Non, ce n'est pas le moment de remettre en cause le lumineux témoignage du célibat.
Non, l'Eglise n'oppresse personne en proposant ce célibat d'amour à ceux qui se destinent au sacerdoce.
Non, l'expérience missionnaire de Ste Blandine ne s'arrêtera pas là.
...Non, nous ne comprenons pas facilement qu'on ait besoin d'aller voir le pape pour comprendre qu'une double vie n'est pas la solution.
Non, il n'est pas forcément nécessaire d'invoquer Dieu dans des affaires de fragilité affective... »
Abbé Pierre Amar : « La grande tradition de l’Eglise latine, son grand trésor, c’est le célibat »
« La grande tradition de l’Eglise latine, son grand trésor, c’est le célibat. J’en vois tous les jours la signification et la fécondité. Voire même un argument pastoral. Pas une seule réunion d’aumônerie, pas une seule discussion au bar devant l'église (où je prends mon petit-dej), pas une seule rencontre avec nos scouts et guides, un seul topo de retraite de Profession de Foi ou de Confirmation où ce sujet n’est pas abordé. A tous les coups on gagne ! Parce que le célibat consacré ne cesse de poser question aux générations d’après mai 68 à qui on a juste dit « sortez couverts ! ».
Le célibat pour le Seigneur proclame que Dieu peut combler un coeur. Profondément. Durablement. Il offre au monde le témoignage d’un engagement total : notre époque n’en a-t-elle pas besoin ?
Non le prêtre n’est pas l’otage du Vatican. Il ne subit pas le diktat de Rome. Son célibat, il l’a choisi personnellement, mûrement réfléchi même – au séminaire – pendant 8 années d’études. 8 ans de fiançailles : on a le temps de s’y faire et de s’y préparer, non ?
Je connais des frères prêtres qui ont remis en cause ce choix. Non pas simplement en signant un appel … mais aussi dans les faits. Par lassitude ? Usure ? Tentation ? Isolement ? Peut-être un peu de tout ça … loin de moi la seule idée de les juger. Lorsqu’on perçoit une règle comme une contrainte et non plus comme une grâce alors on ne tient pas longtemps. Après tout, n’est-ce pas un peu pareil chez les couples ?
Mais l’épreuve (ou l’échec) n’est pas la négation de la vérité et de la beauté d’un engagement. Et je laisse de côté les prétendues « exigences » du corps : manger, boire dormir … oui c’est vital ! Mais on peut vivre sans activité sexuelle …. sinon, moi, je serais mort depuis longtemps !
Par contre, ce qui est vrai, c’est qu’on ne peut pas vivre heureux sans se donner d’une façon ou d’une autre. Voilà ce dont l’homme a d’abord besoin : trouver comment se donner, vivre le don de soi !
Finalement, voilà le sens profond de notre célibat : le prêtre se donne pour témoigner de la joie du don, à travers chaque vocation, et vous y préparer. S’il avait une femme et des enfants, ils auraient légitimement la première place dans son coeur. Avec son célibat, la priorité c’est vous ! »
Abbé Pierre-Hervé Grosjean : « Nous avons besoin que vous compreniez le sens de notre célibat »
« C'est vrai : le célibat que l'Eglise nous demande est exigeant. Cette exigence - je le rappelle - nous la choisissons librement. Personne n'est obligé de devenir prêtre. Cette belle exigence, nous l'accueillons avec toute la générosité dont nous sommes capables, dans notre pauvreté d'homme, en comptant sur la grâce de Dieu pour y être fidèle, et sur vos prières. Car cette exigence nous la faisons nôtre pour vous. Pour que personne d'autre que vous n'ait la priorité dans notre cœur. Pour qu'en étant tout à Dieu, nous soyons tout à tous. Ce célibat est au service d'un don plus grand, il n'est pas une frustration mais une joie, même si tout cela n'est parfois pas sans combat.
Quand un prêtre part, nous pleurons. Pour lui, pour son sacerdoce, pour ses paroissiens, pour son évêque, pour tout celles et ceux qui seront blessés. Nous ne jugeons pas le prêtre qui tombe: chacun de nous se sait pauvre et faible, capable de tomber. Des amis sont partis. Je ne me sentais pas meilleur qu'eux. Je prie souvent pour ces frères. Mais par pitié, qu'on nous épargne le refrain "c'est la faute de l'Eglise, de ses règles et de ses lois". Ce serait profondément blessant pour ceux qui restent, pour ceux qui humblement, pauvrement, parfois douloureusement mais souvent joyeusement, essayent d'être fidèles à la promesse de leur ordination. Pour vous.... "Pour la gloire de Dieu et le salut du monde".... Nous avons besoin que vous compreniez le sens de notre vie, de notre offrande, de notre célibat. C'est votre attente qui nous porte, c'est en nous demandant ce pourquoi nous sommes prêtres - vous donner Dieu - que vous nous encouragez. C'est en priant pour nous que vous nous gardez dans la joie de servir. De vous servir ! »
Comprendre le célibat des prêtres, Mgr Gobilliard invité de RCF