Article rédigé par Nicolas Gauthier, le 08 février 2017
[Source : Boulevard Voltaire]
L'avantage, avec Macron, c’est son côté à la fois impulsif, crétin et juvénile. Il dit ce qu’il pense avant même d’y avoir réfléchi.
« Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. » Telle est la dernière sortie d’Emmanuel Macron, lors de son meeting dominical, tenu dans la capitale des Gaules. Le personnage étant ce qu’il est, nul doute que cette saillie puisse s’annoncer comme la première d’une longue série. En marche, qu’il est, le Macron…
Il est souvent dit que ce candidat serait celui du « Système ». Si cela était avéré, voilà au moins qui signifie que ce dernier se trouverait aujourd’hui dans une sorte de spirale suicidaire et que le petit Manu serait chargé d’adoucir les douleurs de sa fin de vie.
En effet, peut-on seulement imaginer ce potentiel futur Président français s’en aller dire aux Chinois : « Il y a certes une culture en Chine, mais elle n’est pas chinoise… » Dans l’empire du Milieu, si on laque les canards avant de les manger, il est tout aussi possible d’envisager que l’on puisse pendre les dindons avant de les donner aux cochons.
La culture française, selon Emmanuel Macron ? Celle de ses puissants soutiens industriels et médiatiques : Patrick Drahi, patron de BFM TV, RMC, Libération, L’Express ; Pierre Bergé, actionnaire quasi majoritaire du Monde, de Courrier international et de Télérama. Et de ces humoristes involontaires que sont Jacques Attali et Alain Minc, sans compter les deux ineffables Bernard que sont Kouchner et Tapie ; et encore doit-on en oublier.
Soit un Hexagone réduit à un hub d’aéroport, une zone de duty-free, un supermarché ouvert aux quatre vents dans lequel des chômeurs viendraient acheter des articles fabriqués par des esclaves… Philosophie assez bien résumée en 1985 dans l’éditorial du premier numéro du mensuel Globe, financé par le même Pierre Bergé : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites.
Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. »
Pourtant, c’est aussi cela, la culture française : l’ardoise du clocher d’église et le zinc du bistrot – quoiqu’on puisse aussi laisser des ardoises au caboulot du coin. Ça ne saurait résumer toute la culture française, certes ; mais il s’agit néanmoins d’un vaste et historique pan de la nôtre. Laquelle, vaste maison abritant nombre de demeures, embrasse Molière et Feydeau, Aragon et Brasillach, Césaire et Barrès, Brassens et Téléphone, Godard et Lautner, Truc et Machin, et inversement. Sans oublier qu’au contraire de tant d’autres cultures, la nôtre est singulièrement inclusive, jamais rétive aux influences extérieures et toujours prête à l’échange. Ce n’est pas pour rien que tant de musiciens noirs vinrent se réfugier en France pour fuir la ségrégation raciale alors de mise aux USA…
Mais allez ensuite expliquer tout cela à un jeune garçon persuadé que l’Himalaya culturel français se résume à la conception d’un jeu vidéo en France, bidule ensuite développé au Canada et qui s’en ira ensuite abrutir un peu plus des milliards de petits Terriens, lesquels n’en ont vraiment pas besoin, par les temps qui courent.
L’avantage, avec Macron, c’est son côté à la fois impulsif, crétin et juvénile. Il dit ce qu’il pense avant même d’y avoir réfléchi et, surtout, sans avoir envisagé les possibles conséquences de sa diarrhée verbale. C’est un adulescent. Un sale gosse. Et les puissants qui le soutiennent aujourd’hui pourraient bien s’en mordre les doigts d’ici peu.
En attendant, et ce, même si la fessée est désormais interdite par les instances européennes, si Marine Le Pen pouvait lui en coller une bonne dans les urnes, elle ne se ferait pas forcément que des ennemis ; même et surtout dans le monde de la culture.