Article rédigé par Michel Janva, le 08 février 2017
[Source : Le Salon Beige]
Extrait d'une analyse d'une agence de communication de crise sur l'affaire Fillon :
"[...] François Fillon n'a pas semblé voir venir la crise politique naissante. Pourtant, dès l'information donné par le Canard enchaîné qu'un article sur sa situation allait sortir, un dispositif de riposte médiatique aurait du se mettre en place pour constituer un bouclier de protection de l'image du candidat.
François Fillon s'est enfermé dans des éléments de langage insusceptibles de convaincre qui que ce soit. Criant au complot. Répétant en boucle qu'il avait « scrupuleusement respectées » toutes les règles de droit ensuite. Attaquant enfin les médias, la gauche, le parquet national financier sans que cela ne soit en capacité de servir ses intérêts médiatiques. Sans laisser paraître d'inquiétude. Ni regrets, ce qui est très surprenant. Sans prendre non plus la moindre décision de remboursement par exemple. Son entourage même le défendant maladroitement dans tous les médias.
François Fillon aurait du immédiatement déployer la transparence attendue par tous les Français sur les faits révélés par les médias. Il a préféré miser sur l'empathie et la mise en scène des sentiments à l'égard de sa femme. Sa défense ne marchait dés lors plus que sur un pied. Autant dire que pour celui qui venait d'entamer un marathon médiatique, l'avenir s'annonçait particulièrement hasardeux.
François Fillon a semblé finir par comprendre l'ampleur de la crise qu'il traversait. Annonçant une "nouvelle campagne", il a organisé ce jour une conférence de presse tentant de mettre un terme à cette affaire dite du penelopegate. Présentant des excuses, reconnaissant une erreur mais aucune illégalité, il est resté prisonnier d'une stratégie de défense basée sur le complot dont il n'a pas réussi à se défaire. Le "système" lui en veut. C'est évidemment un peu court pour mettre fin à une telle crise qui l'a fragilisé au point que son propre camp s'est demandé s'il ne convenait pas de le remplacer pour mener la campagne présidentielle. Il n'a pas réussi à reprendre le tempo médiatique ni à déplacer le sujet sur un autre terrain. Au contraire, quelques minutes seulement après la conférence de presse, des révélations sur un appel d'une journaliste ayant interrogé sa femme venaient contredire les affirmations du candidat les républicains.
Quoiqu'il arrive tout cela vient bien tard. C'est le jour même des révélations du Canard enchainé qu'il aurait fallu tout mettre en oeuvre afin de contrôler l'interprétation médiatique des révélations de l'hebdo satirique. Il fallait dédramatiser au lieu de dramatiser les enjeux en optant pour le format du 20 heures de TF1. Matignon entend assumer la démonstration de force. Cette configuration médiatique de l'offensive organisée de François Fillon n'offrait rien d'autre qu'un candidat tentant maladroitement de répondre aux accusations au lieu de livrer un récit permettant aux Français de s'approprier son histoire.
Faire acte de contrition était attendu. Cela ne parait pas aujourd'hui suffisant pour faire face à la vague médiatique qui submerge le candidat et le feuilletonnage à laquelle il a donné naissance par mépris des évènements et un manque évident de préparation et d'anticipation. [...]"
L'équipe de François Fillon est uniquement sur la défensive : il manque une contre-attaque d'envergure dans ce procès médiatique. Encore faut-il avoir des billes dans sa besace... C'est tout le problème de la droite, depuis des décennies, systématiquement acculée par la gauche à devoir se justifier et s'excuser. C'est là que l'on voit qu'il ne suffit pas d'avoir un programme ou quelques convictions pour gouverner. Il faut aussi savoir réagir aux évènements, même s'ils sont injustes. Surtout s'ils sont injustes.