Article rédigé par , le 02 février 2017
[Source : Le Salon Beige]
Lu sur Réinformation.tv :
"François Fillon a maintenant six affaires sur le dos. On ne sait pas d’où viennent les fuites. Mais on voit des « amis » politiques qui considèrent déjà le candidat comme moribond et attendent la curée. En tête de ces charognards, François Bayrou.
Il faut le répéter aux plus jeunes lecteurs qui ont trop vu de films américains, le journalisme d’investigation n’existe pas. Ce que j’ai rencontré en quarante ans de carrière, ce sont des relations dans la police, dans l’armée, la magistrature, ou chez les politiques, et parfois quelques vérifications vite faites. Les six affaires qui tombent à point nommé sur la tête de ce pauvre Fillon relèvent bien évidemment, même si cela n’en fait pas un saint et qu’il a profité des largesses que la république distribue à ses élus, d’une opération politique menée par des « professionnels ».
Les charognards passent par le Canard pour diffuser les affaires
Qui la dirige ? Nul ne le sait. Les canaux par lesquels elles sont venues à la connaissance du public, le Canard enchaîné et Médiapart, sont les journaux officiels de la délation républicaine. Dès que l’intérieur ou Bercy, ou simplement quelque fonctionnaire frustré a, pour quelque raison que ce soit, une information à diffuser, ils passent par là. Par soucis d’efficacité. Quand Minute raconta la double vie de François Mitterrand avec Anne Pingeot, personne n’y crut dans les beaux quartiers, quoi que tous les initiés sussent que c’était vrai : l’estampille Canard, relayé ensuite par Le Monde et le Nouvel Observateur (aujourd’hui : France Info, BFM TV) est le bon circuit. Donc, même la droite l’utilise. Les affaires Fillon ont pu être lancées par Hollande, Cazeneuve, Valls, Macron, mais aussi par Dati, Sarkozy ou Juppé, ou par n’importe qui d’autre.
Les affaires Fillon satisfont tout le monde
Impossible aussi de tirer profit du vieil adage, is fecit cui prodest : les ennuis de François Fillon satisfont trop de monde. Beaucoup de ses amis de droite : lui président, leur carrière était finie. La gauche : dans la confusion qui s’installe, elle rêve, elle qui voyageait depuis trois ans dans le train fantôme, de revenir à l’Elysée en fanfare. Surtout si Marine Le Pen s’embourbe elle aussi dans ses affaires. Enfin le centre jubile. Le vieux centre de toutes les compromissions et toutes les magouilles, le vieux centre issu des radicaux et du MRP, toujours moralisateur, qui se considère déjà comme l’avenir de l’univers, avec son goût de Bruxelles et son économie sociale de marché. Et puis les affaires réjouissent aussi tous ceux qui ne pouvaient pas sacquer Fillon et sa tête de notaire honnête, et cela fait un sacré monde. Les affaires Fillon, c’est du pain bénit pour une campagne présidentielle ennuyeuse que les sondeurs annonçaient déjà pliée. [...]"
Michel Janva