Article rédigé par , le 19 janvier 2017
Un sondage exclusif Ifop pour Famille Chrétienne confirme une certaine adéquation entre François Fillon et le vote catholique pratiquant, à hauteur de presque 50 %. Mais Marine Le Pen reste en embuscade avec 25 % de suffrages.
Le match devrait se jouer entre François Fillon et Marine Le Pen. Selon un sondage exclusif Ifop pour Famille Chrétienne (1), le candidat LR totaliserait au premier tour de la présidentielle 49 % du vote des catholiques pratiquants (allant à la messe au moins une fois par mois) contre 25 % en faveur de Marine Le Pen. « Ce qui est nouveau dans ces résultats, » explique Jérôme Fourquet Directeur du Département Opinion d’Ifop, « c’est moins le tropisme des catholiques à droite que la répartition des voix entre François Fillon et Marine Le Pen. » Si le candidat de la Sarthe capte l’essentiel du vote catholique pratiquant, il perd presque 20 points chez les catholiques en général. « Les chrétiens pratiquants ont reçu cinq sur cinq tous les signaux envoyés par Fillon », analyse Jérôme Fourquet. Le dernier en date étant sa profession de foi de « gaulliste et chrétien » sur le plateau de TF1. On observe un phénomène inverse chez la candidate du Front national qui séduit plus les catholiques non pratiquants que les autres.
Le vote catholique en faveur du FN est une relative nouveauté. « C’est le fruit du travail d’une Marion Maréchal-Le Pen », estime Jérôme Fourquet, « mais aussi l’impact des récents attentats en France. » Lors de la présidentielle 2012, un sondage Ifop pour Famille Chrétienne montrait que le vote des catholiques pratiquants pour le candidat FN était inférieur de 3,5 points à celui de la moyenne nationale. Tel n’est plus le cas aujourd’hui. Lors des élections départementales, en mars 2015, les catholiques pratiquants votaient à 15 % en faveur du FN. La percée du FN remonte aux régionales, en décembre 2015, avec un score de 25 %. Marine Le Pen bénéficie donc d’une sorte de marée montante, alimentée par le tsunami émotionnel des attentats notamment l’assassinat du Père Hamel. « Un quart du vote catholique va en direction de Marine Le Pen », résume Jérôme Fourquet. « Ce vote est stabilisé. C’est sans doute l’effet Fillon qui a entravé sa progression. »
Le candidat Macron obtient certes 9 % des suffrages des catholiques pratiquants, mais cela reste très inférieur à sa moyenne nationale (17 %).
On peut se demander où sont passés les catholiques de gauche. Les résultats sont cruels, à l’image des affres de la rue Solférino. Le candidat Valls obtient 7 % du vote catho pratiquant. « La gauche totalise à peine 20 % des suffrages si on compte Macron dedans », reprend Jérôme Fourquet. « Il faut dire que Macron a essayé d’envoyer des signaux aux catholiques, mais en usant des codes de la droite : Jeanne d’Arc à Orléans, le Puy du Fou ou encore la basilique Saint-Denis. Il aurait pu parler des migrants ou visiter Emmaüs ! »
Dans le cas d’un second tour entre Marine Le Pen et François Fillon, ce dernier arriverait largement en tête chez les catholiques pratiquants avec 71 % de suffrages (63 % pour la totalité des catholiques).
Cette photographie de l’opinion catholique est forcément mouvante. « Le scrutin peut réserver des surprises », admet Jérôme Fourquet. Sondages ou pas, les événements restent nos maîtres, comme disait le personnaliste Emmanuel Mounier.
Samuel Pruvot
(1) Enquête réalisée du 3 au 6 janvier 2017, par questionnaire auto-administré auprès de 1 860 personnes.