Article rédigé par Olivier Damien, le 01 décembre 2016
[Source : Boulevard Voltaire]
Ce face-à-face inattendu, qui déjoue tous les pronostics, promet d’être intéressant à bien des égards.
À l’issue des primaires de la droite et du centre, et du plébiscite de François Fillon par les électeurs qui ont fait le déplacement, le paysage politique, à droite, pour les prochaines élections présidentielles, se dessine peu à peu.
Si l’on en croit les sondages, avec lesquels il convient de se montrer prudent tant ils furent démentis en de récentes occasions, le duel final, celui du second tour, devrait mettre en présence la présidente du Front national, Marine Le Pen, et François Fillon, grand vainqueur de la primaire du 27 novembre dernier.
Ce face-à-face inattendu, qui déjoue tous les pronostics qui, depuis des mois, nous annonçaient un « Juppé – Le Pen », promet d’être intéressant à bien des égards.
Tout d’abord parce qu’il enrichira le fond du débat. En effet, les deux protagonistes sont porteurs de grandes espérances. Ils portent, l’un comme l’autre, une profonde volonté de changement, même si leurs moyens pour y parvenir sont radicalement différents sur de nombreux points.
Pourtant, Marine Le Pen et François Fillon vont s’adresser, au moins en partie, à un électorat qui pourrait leur être commun, et qui pourrait faire, in fine, la différence.
Il s’agit de cet électorat qui avait rejoint le Front national lors du combat fratricide entre Fillon et Coppé pour la présidence de l’UMP, et qui ne souhaitait pas le retour de Nicolas Sarkozy. Pour faire court : les partisans d’une France forte et conservatrice, mais que le programme économique de la présidente du FN ne séduit toujours pas totalement.
Ce sera donc programme contre programme. Ce dernier, pour convaincre cette partie non négligeable de l’électorat, indispensable à Marine Le Pen pour espérer pouvoir l’emporter, devra être concret, réaliste, solide et sans ambiguïté. Si la nécessité de faire des efforts supplémentaires pour sortir la France du gouffre où Hollande l’a précipitée semble actée par de nombreux Français, à coup sûr ils refuseront l’aventure et l’incertitude d’un projet de gouvernement par trop dangereux et irréaliste.
Face à François Fillon, porteur d’une expérience rassurante et entouré d’une équipe aguerrie, Marine Le Pen aura donc fort à faire.
En second lieu, la question « des troupes » se posera tôt ou tard. Si celles du champion de la droite dite républicaine sont à peu près identifiées, il est loin d’en être de même pour la chef du parti frontiste. Son socle électoral, estimé entre 25 et 30 %, ne lui suffira pas pour l’emporter lors du second tour de la présidentielle. Dès lors, son absence, au cours des derniers mois, d’ouverture à des forces issues de sensibilités proches des siennes risque de lui être fatale. Bien plus : cette même stratégie isolationniste lui fera perdre, lors des législatives qui suivront, un grand nombre de circonscriptions.
La politique met en avant le pragmatisme et le réalisme des candidats. Les idées et les programmes comptent pour beaucoup dans une élection, mais s’ils sont une condition nécessaire à la victoire, ils ne sont pas une condition suffisante. Face à un François Fillon déterminé et porté par une force politique puissante, Marine Le Pen ne dispose plus que de quelques petits mois pour trouver les soutiens qui lui font encore défaut et qui hypothèquent gravement sa victoire en mai prochain. Mais il n’est pas certain que la mise à l’écart systématique, à l’occasion des investitures pour les législatives, de celles et ceux qui pouvaient représenter cette autre vision du patriotisme dont la France a besoin, soit de bon augure.