Article rédigé par , le 22 novembre 2016
[Source : 78 actu]
Sur la question de l'accueil des migrants, le préfet de la région Ile-de-France a un avis très tranché. Il se dit prêt à passer outre l'avis des maires.
Parlez de la question de l’accueil des migrants venus du site parisien de Stalingrad au préfet de la région Ile-de-France, et vous obtiendrez une réponse tranchée. La semaine dernière, lors d’une conférence de presse, Jean-François Carenco n’a pas fait dans la dentelle. « Je vais installer des centres. Beaucoup gueulent (sic) pour la forme. Je m’en fous (sic). Les gens ont peur de tout. On verra qui râlera vraiment lorsque ce sera fait et combien de temps ».
Les maires mécontents sont « minoritaires »L’avertissement semble bien valoir pour « ceux qui disent n’importe quoi, groupes de pression et d’influence », comme pour les maires. « Ils sont minoritaires, estime-t-il. Arrêtons de remettre un jeton dans la machine. ». Et dans la pratique, Jean-François Carenco ne compte pas changer la méthode pour la mise en place des sites. « Je ne vais pas commencer à en parler six mois à l’avance. Je préviendrai trois mois à l’avance. Après, ce sera à chaque préfet de communiquer ou pas ».
Passer outre l’avis des élusIl existe ou existera 79 centres d’hébergement dans toute l’Ile-de-France. Le département des Yvelines devrait en compter cinq ou six. À l’évocation de Louveciennes, le préfet de Région ne répond pas. Pour Rocquencourt, c’est un de ses conseillers qui acquiesce juste de la tête. Bonnelles revient également sur le devant de la scène. « Cela se passe bien là-bas. Nous pourrions grossir le nombre de Tibétains accueillis. Je vais rouvrir le dossier, regarder cela ». Plus globalement pour le département, le préfet de région se dit prêt à « passer outre l’avis des maires. Les réunions qu’ils ont eues avec le préfet des Yvelines n’ayant pas abouti. »
Nul n’en saura plus. Hors de question de livrer la liste des sites choisis. « Je veux que cela se fasse dans la sérénité. Arrêtons d’attiser les haines. Je ne veux pas que tout le monde aille les photographier, les filmer. »
Dans la méthode, Jean-François Carenco veut avancer « le plus vite possible. Je peux utiliser des anciens hôtels, des anciennes casernes de gendarmerie, faire installer des structures modulaires ». Le champ des possibles est presque sans limite pour une raison. « L’Europe va très mal, mais elle attire. Et si d’autres migrants arrivent, nous les prendrons. Nous étudions d’ailleurs la possibilité de créer un troisième sas pour les recevoir, en plus de celui d’Ivry et de Paris à l’ancienne gare Dubois (XVIIIe). Le flux risque d’augmenter ? Ce n’est pas un problème. Le monde est comme ça ».
De Paris à la provinceLe préfet dévoile la suite de son plan. L’idée est de vider Paris puis de transférer les migrants vers les centres de la grande couronne pour ensuite les répartir en province. Reste à savoir sur cette même province est prête à les recevoir. Et si tous arriveront à bon port. Jean-François Carenco ne le cache pas. « Près de 25 % des personnes s’évaporent des centres pour revenir. Il faut ensuite les renvoyer. Il n’y a pas d’autre solution. C’est la vie !"
Mais que leur offrir en plus d’un asile ? La réponse semble simple, peut-être empreinte d’ironie « Il s’agit de jeunes hommes plutôt en bonne santé. Ils apprennent vite et sont motivés. Beaucoup ont travaillé dans le bâtiment. Peut-être pourront-ils servir la construction du Grand Paris ? », lance-t-il.
Depuis juin 2015, le préfet de Région aurait géré un flux de 22 000 personnes.
D’ici deux mois, il espère l’ouverture de 1 500 places pour l’Ile-de-France.
François Desserre