Article rédigé par , le 14 septembre 2016
[Source : Blog de Xavier Fontanet]
Crise du porc, on accuse la grande distribution. Crise du lait, c’est Lactalis le coupable ! Un fait devrait pourtant nous faire réfléchir : les prix de gros du porc et du lait sont inférieurs d’au moins 20 % en Allemagne et leurs agriculteurs ne se plaignent pas. La seule explication est une différence de coût. Mais où ?
Les produits agricoles ont une valeur ajoutée 100 % locale, leur structure de coût reflète donc celle de notre PIB. Quel est le premier poste de coût du PIB ? Notre sphère publique (en quelque sorte les frais généraux de notre pays) pour 57 %. Qu’en est-il en Allemagne ? La sphère publique allemande a le même périmètre que la nôtre, mais ne représente que 44 % du PIB.
Cet écart considérable n’est pas sans conséquence. Imaginons en effet un produit dont le coût est 100 (hors taxes et charges). La sphère privée allemande représentant 56 % (100-44) du PIB, le coût complet du produit avec impôts et charges est 100 divisé par 0,56, soit 178. Le même calcul donne en France 100/0,43, soit 232. Le rapport des coûts est donc 232 chez nous contre 178 outre-Rhin. L’écart de 30 % en défaveur de la France explique, à lui seul, le problème de nos agriculteurs.
232/178 peut aussi s’écrire 56/43 (un élève de classe de cinquième comprendra *) ; pour un produit ayant une même compétitivité hors charges et taxes, les prix de revient complets sont donc dans le rapport inverse du poids des sphères privées dans les économies ! Une sphère publique trop élevée détruit les entreprises exportatrices.
Nos économistes doivent se pencher sur ce raisonnement. Il remet en cause le dogme de la vertu de la dépense publique : à l’heure de la mondialisation, les sphères publiques, elles aussi, sont en concurrence. Si les malheurs de nos agriculteurs permettent de saisir ce qui se passe en ce moment et font que les membres de notre sphère publique et nos politiques comprennent que leurs salaires rentrent dans le coût des petits cochons, alors les choses auront peut-être des chances d’aller mieux !
Xavier Fontanet