Article rédigé par Maxime Tandonnet, le 29 juin 2016
[Source : blog de Maxime Tandonnet]
La politique du pays est en train de se transformer radicalement, de basculer dans un autre monde, au rythme des bouleversements de la société.
Le modèle de la gouvernance française issu des années 1970 et renforcé dans les années 2000 est à bout de souffle. Jamais plus personne ne reviendra sur le discrédit de l’institution présidentielle telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui: l’hyperprésidence narcissique. Le naufrage de l’Elysée dans sa version actuelle est sans retour. Toute prétention à exercer le rôle de roitelet du pays est désormais vouée au ridicule. En effet, les Français ne sont pas aussi manipulables et naïfs que ne semblent le penser les leaders politiques. Ils savent, d’instinct, que l’idée d’un personnage tout puissant, surmédiatisé, tenant à lui seul les leviers du pays, entretenue par la classe politique et les médias, est une gigantesque imposture dans le monde moderne.
En 2017, le dernier masque de cette légende pourrait tomber. Il en sortira, quoi qu’il arrive l’élection d’un chef de l’Etat déjà usé jusqu’à la corde par son historique au pouvoir, cramé dès son installation à l’Elysée, ridiculisé par la tragédie des primaires, cible providentielle des médias, des corps intermédiaires (magistrats), de l’opinion publique. Privé d’une autorité stable et durable, il ne disposera plus jamais sans doute d’une véritable « majorité présidentielle » à l’Assemblée, à cause du tripartisme nouveau dans le pays, voire quadripartisme, de l’émergence des « frondeurs » de droite et de gauche et de la déliquescence du prestige présidentiel. Or comme chacun le sait, les pouvoirs personnels du chef de l’Etat sont réduits (celui de dissoudre l’Assemblée). Pour le reste, il ne décide rien tout seul, pas même le référendum et en l’absence de majorité présidentielle claire, sombre obligatoirement dans la paralysie et l’impuissance.
C’est pourquoi l’avenir du pays repose aujourd’hui sur l’élection de l’Assemblée nationale, les législatives, l’espoir, même ténu, d’une recomposition politique autour de majorités d’idées, constituées de députés sensibles à la notion de bien commun et d’intérêt national; et par-delà, l’émergence, d’un Premier ministre homme neuf, autoritaire, à la tête d’un gouvernement puissant et déterminé à réformer le pays. Un miracle? Peut-être, mais c’est le seul envisageable, tant la déconfiture présidentielle, à travers notamment les primaires, semble s’accélérer. Dans une période aussi troublée et incertaine, rien n’est pourtant écrit d’avance. Une crise majeure, sociale, politique, militaire, dans l’année qui vient, pourrait déboucher sur un tel scénario totalement inédit.
Dans ce contexte, le président de la République devra, non pas s’effacer, mais retrouver un rôle plus conforme à la lettre et à l’esprit des institutions autour du destin à long terme de la Nation, de la politique étrangère et de défense. Ceci est pour moi une évidence. Pourtant, infiniment rares sont les esprits qui commencent à le comprendre tant cette idée contraste avec la mythologie politique française. Ils existent, j’en ai rencontré. Les politiques, dans leur immense majorité, ne peuvent même pas l’imaginer. Le hochet élyséen les enivre. Quoi? L’apparence de la toute puissance, sans une once de responsabilité personnelle pendant cinq ou dix ans? Mais les faits et la loi des réalités, sont infiniment supérieurs à leurs fantasmes de toute puissance.