Article rédigé par Julien Aubert, le 08 juin 2016
[Source: Valeurs Actuelles]
Lettre ouverte. A l'initiative de Julien Aubert, député Les Républicains de Vaucluse, une vingtaine de députés cosignent une lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem. Ils accusent : "Vous proposez que l’école de la République intègre les petits descendants d’immigrés nord-africains en leur enseignant la langue de leurs origines, plutôt que celle de leur pays d’accueil".
Madame le Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche,
Il fut une époque où l’école de la République, « le seul bien de celui qui n’a rien » comme disait Jaurès, s’enorgueillissait d’apprendre à ses élèves à lire, écrire et compter. Une parfaite maîtrise de la langue française était considérée comme indispensable pour s’élever dans la hiérarchie sociale et nos instituteurs de jadis étaient intraitables : l’oubli d’un point sur un i suffisait à perdre un demi-point sur la note finale.
Ne pouvant que constater que l’époque a bien changé, que des futurs bacheliers peinent à écrire correctement leur propre nom, et que le texto est plus pratiqué que la poésie, on aurait pu penser que vous déclencheriez un plan ORSEC pour le français. Au lieu de cela, et en dépit d’études qui montrent qu’une mauvaise maîtrise de l’orthographe est sévèrement jugée par les recruteurs sur le marché de l’emploi, vous avez préféré parrainer des initiatives sur la simplification de l’orthographe ou les « stéréotypes genrés » de la langue.
Dans un contexte où des millions de Français se questionnent sur leur identité collective, où les tensions sociales et communautaires se font de plus en plus pesantes, vous proposez l’apprentissage de la langue arabe dans le primaire, dès le CP. Sur le plan de la méthode, qu’il s’agisse de l’anglais, de l’italien ou de l’arabe, c’est une décision stupide : la priorité est d’abord d’apprendre la langue de la République, avant de vouloir échanger avec le monde. La France n’est pas un « pays monde », détaché d’un substrat culturel, et l’école n’est pas là pour former des voyageurs ou des apatrides, mais des citoyens. Des citoyens qui comprennent et respectent les lois de leur pays, rédigées en français depuis l’édit de Villers-Cotterêts.
Sur le plan politique, votre initiative est un chiffon rouge pour tous ceux qui s’alarment de l’islamisation des banlieues, de notre incapacité à digérer trente années d’immigration, dont une forte partie d’origine nord-africaine, et de la perte des repères. Vous proposez en somme, que l’école de la République intègre les petits descendants d’immigrés nord-africains en leur enseignant la langue de leurs origines, plutôt que celle de leur pays d’accueil. Vous fracturez doublement, en jetant du sel sur des plaies vives de l’opinion publique, et en actant le fait que l’intégration par la langue française n’est pas la seule et unique voie.
Vous qui êtes le fruit de cette histoire et de ce métissage, vous qui avez suivi un parcours d’excellence, vous qui pourriez être un symbole de l’assimilation et de la méritocratie, qui furent le projet de la République depuis son origine, vous devez servir d’exemple, et non pas trahir les mânes de Jules Ferry. Votre parcours comme modèle pour la jeunesse de France ne vous crée que des devoirs envers celle-ci.
- M. Julien Aubert
- M. Bernard Accoyer
- Mme Valérie Boyer
- M. Jean-Louis Christ
- M. Philippe Cochet
- M. Jean-Louis Costes
- M. de Ganay
- Mme Laure de La Raudière
- M. Charles de La Verpillière
- M. Jean-Pierre Decool
- M. Nicolas Dhuicq
- Mme Sophie Dion
- M. Sauveur Gandolfi-Scheit
- Mme Véronique Louwagie
- M. Lionnel Luca
- M. Yannick Moreau
- M. Jacques Myard
- M. Axel Poniatowski
- Mme Josette Pons
- M. Paul Salen
- M. Fernand Siré
- M. Alain Suguenot
- M. Jean-Charles Taugourdeau
- M. Jean-Marie Tétart
- M. Jean-Sébastien Vialatte
- M. Philippe Vitel
- M. Michel Voisin