Article rédigé par contact, le 10 mai 2016
[Source: Boulevard Voltaire]
Ce prix a été créé en 1948 par la Ville d’Aix-la-Chapelle pour distinguer les personnalités engagées pour l’unification de l’Europe.
Le pape François a donc reçu vendredi dernier le Prix international Charlemagne des mains du maire d’Aix-la-Chapelle, qui a tout de même daigné faire le déplacement jusqu’à Rome pour cela. Rappelons que ce prix a été créé en 1948 par la ville d’Aix-la-Chapelle, la cité de Charlemagne, pour distinguer les personnalités engagées pour l’unification de l’Europe.
Ce n’est pas la première fois qu’un pape reçoit ce prix. Jean-Paul II, qui contribua à faire tomber le rideau de fer, en fut distingué en 2004, mais à titre extraordinaire. François, lui, c’est à titre normal. Normal, pour un pape qui ne porte pas mozette. Les nostalgiques en seront pour leurs larmes : ce n’est pas demain qu’on rétablira la sedia gestatoria avec François !
François prend donc place non pas dans une limousine mais dans une simple berline (normal, par les temps qui roulent !), voire un car 50 places, en prenant la suite dans la longue liste des titulaires de ce prix prestigieux. J’en cite quelques-uns – et pas au hasard, je vous l’avoue : Jean-Claude Juncker, Angela Merkel, Jean-Claude Trichet, Wolfgang Schäuble, Herman Van Rompuy, Martin Schulz et, petit geste commercial de la maison… l’euro en 2002 !
Pour l’occasion, les « principaux dirigeants européens », comme l’a relaté la presse, ont fait le chemin jusqu’à Rome. Les Merkel, Schulz, Juncker, Draghi – sans doute en repérage – étaient présents. La France avait dépêché Mme Vallaud-Belkacem pour la représenter. Normal encore : un ministre de l’Éducation nationale pour un prix Charlemagne. Sans doute une idée folle de ce sacré François Hollande, qui doit connaître par cœur son répertoire de France Gall. On ignore, cependant, si le ministre se plia à la tradition de la mantille. On imagine que oui : elle porte si bien le voile lorsqu’elle va voir le roi du Maroc !
Évidemment, tous ces « dignitaires » européens/européistes ne sont venus à Rome que pour entendre une seule partie du discours du pape. L’exhortation du souverain pontife à changer le modèle économique était sans doute le prix à payer pour tous ces libéro-libertaires – un petit bout de chemin de Canossa en quelque sorte – pour entendre le pape en appeler à « construire des ponts et abattre des murs ». Car c’est cela – et cela seulement – que l’on retiendra du discours du pape de Lesbos.
On voit donc aujourd’hui très clairement se mettre en place trois axes à travers l’Europe et même au-delà.
L’axe Berlin-Istanbul. Cet axe qui va permettre de faire entrer des millions de Turcs sans visas dans l’espace européen après le marché de dupes conclu par Merkel avec le sultan. Visas contre l’hypothétique retour de quelques centaines de migrants. C’est l’axe migratoire qui permettra d’offrir à l’Allemagne des bras à pas cher.
L’axe Washington-Berlin, illustré par la visite d’Obama à Merkel et par le plaidoyer du président américain pour l’Union européenne… et le TAFTA. C’est l’axe commercial, celui du marché perdant-gagnant !
Le troisième axe est désormais ouvert. C’est l’axe Berlin-Rome, l’axe moralisateur. Merkel est en guerre contre le FN. Une guerre, à pas cher aussi, moins coûteuse en vies que s’il fallait, par exemple, combattre le djihadisme en Afrique ou ailleurs, avec des soldats allemands. Et Juncker, dans les murs du Vatican, parle du déferlement des « populismes pernicieux et stupides », carrément. Tous, ils sont venus recevoir l’onction du pape dans leur combat contre l’Europe des patries.
On notera, au passage, qu’aucun de ces trois axes ne passe par Paris.
Au fait, Charlemagne, fils de Pépin le Bref, lui-même fils de… ? Charles Martel, voyons. Sacré Charles Martel !
Georges Michel
Colonel à la retraite