Article rédigé par Olivier Hanne, le 29 juin 2015
Les partisans de l’État islamique déploient contre le régime chinois depuis quelques jours une activité médiatique inédite, notamment sur Tweeter et sur leurs sites dédiés.
En effet, de nombreuses images et vidéos s’inquiètent de la répression du régime durant la Ramadan, à l’ouest du pays, dans le Turkestan, peuplé de Ouïghours musulmans. La jihadosphère condamne l’alliance « islamophobe » de la Chine avec la Russie et les autres gouvernements asiatiques (Birmanie, Tadjikistan, Thaïlande, etc.), alliance qui aurait pour but d’écraser les peuples musulmans du continent.
Cette activité de communication nouvelle montre que les Ouïghours sont des musulmans respectueux de la langue arabe, du Coran et de la Sunna, ceci afin de nourrir le sentiment de solidarité des sunnites. Les commentaires sont nombreux pour plaindre « nos frères et soeurs chinois interdits de jeûner ce mois de Ramadan ».
Un nouveau front asiatique
On annonce qu’à l’université du Xinjiang a été mis en place depuis le 22 mai un programme spécial pour affaiblir l’islam. On montre des médecins chinois « tuant des foetus ouïghours musulmans dans le Turkestan oriental », ou encore cette banderole écrite en alphabet arabe et en chinois interdisant aux paysans de prier dans les champs (photo ci-contre).
Une telle activité, dont l’origine géographique est moyen-orientale et non chinoise, indique que les partisans du jihadisme et, plus largement, de Daech, cherchent à préparer l’opinion salafiste à l’ouverture d’un nouveau front asiatique.
Après les allégeances obtenues par l’EI en Inde, au Pakistan et en Afghanistan, le rattachement d’une nouvelle branche autochtone en Asie serait un coup médiatique évident. Pourtant, sur le plan tactique, même si les rebelles ouïghours basculaient dans le jihadisme pur et dur, ils ne pourraient obtenir d’aide quelconque de Daech, et resteraient seuls face à l’armée chinoise, dont les méthodes militaires sont d’une terrible efficacité
Olivier Hanne est islamologue, chercheur à l’université d’Aix-Marseille, enseignant aux Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
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