Article rédigé par contact, le 18 avril 2016
[Source: ASAF Association de Soutien à L'Armée Française]
A l’heure où nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun et alors que notre pays est envahi par la morosité dans laquelle il semble se complaire, nous devrions nous interroger sur les ressorts qui ont permis à des hommes, appartenant à toutes les classes sociales, aux niveaux scolaires et culturels les plus variés et dont les vies antérieures allaient de la plus confortable à la plus rude, de tenir.
Si, dès les premiers des trois-cent-un jours de la bataille (du 21 janvier au 18 décembre 1916), la résistance fut aussi acharnée, c’est parce que les combattants acceptèrent, de tenir le terrain à tout prix (formule souvent utilisée dans les ordres du jour des chefs) sans aucune tentation de révolte et souvent dans les pires conditions. Pourquoi ? Parce que ces hommes défendaient leur territoire tout autant qu’ils obéissaient à leurs chefs. Chaque soldat défendait avec acharnement son morceau de créneau, sur parfois à peine plus d’un mètre de terrain, parce qu’il avait conscience que derrière lui se tenait le pays tout entier et, en son sein, sa mère, sa femme ou encore ses enfants. Son moteur ? La force morale ! Verdun fut avant tout le triomphe des forces morales.
La victoire de Verdun montre ce que peut faire un peuple qui ne veut pas mourir. C’est précisément cette volonté que le peuple français d’aujourd’hui a perdue et qu’il doit retrouver. Depuis quatre ans, des sondages répétés montrent que les Français font preuve d’un immense pessimisme et, parmi eux, les jeunes plus encore que leurs aînés. Au sein de l’Union européenne, ils sont médaillés d’argent et seule l’Italie se montre encore moins confiante en l’avenir. Les Français n’éprouvent que peu d’attrait pour l’engagement collectif (associations, syndicats, partis politiques).
Tout cela pourrait apparaître comme une caractéristique bien française, une forme d’individualisme bien connue, bref, un péché véniel. Sauf que, comme ne cessent de nous le répéter nos responsables politiques, « nous sommes en guerre ». Or, la guerre est précisément la circonstance qui exige, de la part des habitants d’un pays attaqué, le sursaut moral le plus grand. Il n’y a pas d’événement supérieur à celui-ci en termes d’exigences ! De surcroît, ce sont précisément des jeunes qui ont constitué, le 13 novembre dernier, l’essentiel des cibles des terroristes qui ont frappé à Paris. Ce sont donc ces jeunes qui, en priorité, doivent trouver les forces morales permettant à notre pays de rester debout.
Pour ce faire, les jeunes Français peuvent prendre pour références ces autres jeunes du même âge, et qui pourraient être leurs frères et sœurs (qui le sont peut-être dans certains cas) et qui combattent sur terre, sur mer et dans les airs, au Sahel, dans le Golfe arabo-persique ou en Méditerranée orientale, en Irak et en Syrie, ou encore à tous ces soldats qu’ils croisent dans leur quotidien dans nos villes dans le cadre de l’opération Sentinelle. Ces soldats, comme leurs lointains parents de 1914 (oui, parents, car pas une seule famille française n’a pas eu au moins l’un de ses membres, proche ou lointain, mobilisé entre 1914 et 1918) n’ont pas seulement le sentiment d’avoir derrière eux des dunes de sable, des regs, des vagues soulevées par la houle ou des nuages plus ou moins menaçants, mais aussi leur maison, celle de leurs parents ou de leurs amis. En traquant les terroristes jusque dans leurs repères, c’est le territoire national français qu’ils défendent.
D’ailleurs, un certain nombre de nos jeunes compatriotes ne s’y trompent pas puisque l’on n’a jamais autant enregistré de candidatures pour rejoindre les rangs de l’armée, de la police, de la Gendarmerie ou des sapeurs-pompiers. Mais cet élan, constitué d’individualités, vers un service au profit de notre pays n’aurait aucun sens s’il n’était accompagné d’une mobilisation politique au profit de notre Défense et des forces de sécurité.
Pour ce qui concerne les aspects strictement militaires, qui sont ceux qui, au premier chef, intéressent l’ASAF, il faut que la France retrouve son rang de puissance. Non seulement il faut cesser immédiatement la politique de réduction des moyens militaires, mais il faut rehausser singulièrement les budgets qui leur sont consacrés pour reforger un outil crédible, moderne, efficace, capable de gagner non seulement et ponctuellement des batailles, mais la guerre [1]. Cet accroissement des moyens doit s’accompagner d’une doctrine militaire adaptée à une nouvelle vision en matière de politique étrangère en direction de Moyen-Orient, de l’Afrique, mais aussi de l’Europe où nous ne pouvons durablement accepter que nos « partenaires » nous laissent bien souvent seuls pour faire le boulot quand bien même la menace les concerne aussi.
Nous devons aujourd’hui faire preuve de courage pour gagner la guerre qui est portée sur notre sol. Cependant, la valeur de notre outil militaire dépend, en très grande partie, du moral de la Nation car d’une part, dans notre démocratie, c’est elle-même qui règle notre organisation militaire et d’autre part, parce que nos soldats en émanent et que leur état d’esprit ne peut pas être très différent de celui de leurs concitoyens. Enfin, n’oublions jamais qu’en dernier ressort, et quelles que soient la quantité et la qualité des équipements militaires dont on dispose, c’est toujours avec son âme que l’on se bat.