Article rédigé par , le 04 décembre 2015
Redécouvert par la droite et une partie de la gauche après le printemps 2013, Gramsci est de nouveau à la mode. Gaël Brustier se sert des concepts du théoricien de l’« l’hégémonie culturelle » pour analyser la défaite de la gauche, au moins « dans ses têtes ».
Ils se piquent d’être de gauche, mais peu de nos gouvernants on véritablement lu, ou du moins compris Gramsci. « Si François Hollande avait lu Gramsci, il serait ébahi de voir que oui, le latin et le grec sont les socles indispensables d’une éducation nationale dans un pays du Vieux continent ; que oui, il y a des moyens de rendre l’école véritablement égalitaire, non pas en simplifiant à outrance les apprentissages, mais en généralisant l’enseignement des humanités aux classes sociales les plus défavorisées. »
Pour Brustier, le combat culturel de la gauche a été perdu parce qu’il a été remplacé par celui, plus hasardeux, des « valeurs » : « Un anti-intellectualisme a envahi la vie politique française. La gauche ne fait pas exception. Ses dirigeants parlent de “bataille des valeurs” comme si, sur le marché de ces fameuses “valeurs”, entre une offre et une demande, un simple effort marketing suffisait à convaincre les électeurs d’acheter leurs produits. Le combat des valeurs est en soi une négation de l’idée d’hégémonie culturelle. »
Les « valeurs », qui se vendent, s’échangent, perdent ou gagnent en importance ne sont qu’une façade pour masquer la vacuité des pensées et des discours de nos dirigeants. On se réfugie derrière le « tout économique » : ça ira mieux quand la croissance reviendra. On prétend gouverner, on « fait France », on communique, mais il n’y a rien de fondamental derrière. On agite l’écume, et l’on se contente de suivre la vague.
La gauche est en état de mort cérébrale, constate l’auteur : « Soumission à l’idéologie de la crise ou rappel de l’idéologie d’hier, la gauche n’invente plus rien. » Une grande partie de la droite ne vaut guère mieux. Le champ de bataille culturel reste à investir, c’est là où se joueront les victoires durables de demain. D’où une obligation : relire Gramsci.
T. L.
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