François Hollande a tenté d’empêcher le pape d’aller en République centrafricaine
Article rédigé par Roland Hureaux, le 02 décembre 2015 François Hollande a tenté d’empêcher le pape d’aller en République centrafricaine

Le pape a fait un voyage triomphal en République centrafricaine, malgré la crise grave que traverse ce pays. On apprend que le président François Hollande a essayé d'empêcher cette visite.

L'ambassadeur de France à Bangui a fait pression sur la présidente Catherine Samba-Pamza (dont le discours de bienvenue au pape a été admirable [1]) au motif que la sécurité du Saint-Père ne serait pas assurée. Il fallait, disait-il le reporter : mais quand ?

L'effet psychologique de cet épisode est désastreux :

1/ les Centrafricains ont très mal pris que la France veuille les priver de ce qu'ils tiennent pour un grand honneur national un événement unique dans leur histoire.

2/ ils ont néanmoins gagné cette partie de bras de fer contre la France qui n'en est pas sortie grandie.

En bref, nous avons gagné à la fois la rancune et le mépris.

Le mythe de la laïcité, toujours

Il est peu probable que le souci de la sécurité explique tout.

N'excluons pas que là comme en d'autres domaines (par exemple l'incroyable mépris du sort des chrétiens d'Orient par le gouvernement Hollande qui, en Syrie, n'a cessé d'armer ceux qui les massacraient), ait joué l'anticatholicisme viscéral de ceux qui dirigent aujourd'hui la France.

À tout le moins, a-t-on pu penser que dans ce pays divisé sur un critère largement religieux, la laïcité était la seule à pouvoir faire consensus, que la visite du pape était dès lors inopportune. Grossière erreur d'appréciation bien entendu, car les musulmans — qui ne représentent que 10 % de la population — ont été les premiers à se réjouir et à être flattés de la venue du pape, qui a visité la mosquée de Bangui. Pour la première fois depuis plusieurs mois, ils ont pu quitter le ghetto pour assister à la messe en plein air.

Une grave incompétence

Par derrière ces démarches intempestives, une grave incompétence se manifeste par l'incompréhension tant de la mentalité africaine que de celle du Saint-Siège.

Les données élémentaires de la mentalité des Africains ont été ignorées : le rapport à la religion n'est évidemment pas le même que le nôtre. Tout ce qui est religieux est pour eux digne de respect, y compris les personnalités des autres religions.

Pas davantage on n'a pris garde que le problème de la sécurité ne se posait pas dans les mêmes termes pour le Vicaire du Christ que pour une personnalité ordinaire. La réaction du gouvernement français a été en la matière du niveau du petit fonctionnaire de police.

Il n'y avait en outre aucune chance que les pressions issues d'un pays tiers puissent infléchir la position du Vatican, État souverain, dans ses relations avec la Centrafrique, république indépendante, comme d'ailleurs celle de la présidente. De quoi se mêle donc la France ? Les socialistes français ont beau critiquer la Françafrique, ils ne sont, on le voit, pas exempts des réflexes néo-colonialistes les plus obtus. Comme si Bangui était encore une sous-préfecture.

L’anticatholicisme dominant

Le voyage, prévu de longue date, comportait d'autres pays (Kenya, Ouganda). Comment imaginer que ce programme pouvait être bouleversé pour complaire au président Hollande ?

Mais par derrière tout cela, comment ne voir une grave incompétence tant au niveau du gouvernent que du Quai d'Orsay ?

L'anticatholicisme dominant aujourd'hui fait que l'on en est venu à ignorer chez nous le b.a.-ba du mode de fonctionnement de l'Église catholique — que les anticléricaux du début du XXe siècle au contraire connaissaient très bien. L'idéologie ne rend pas intelligent.

L'important est que cette visite fut un triomphe et qu'elle pourrait même, du moins il faut l'espérer, faire avancer la réconciliation nationale.

Bien inutilement la France y a laissé des plumes, et cela par pure stupidité.

 

Roland Hureaux

 

Sur ce sujet :
 Discours du pape François devant la classe dirigeante et le corps diplomatique à Bangui

 

 

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[1] http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Catherine-Samba-Panza-Je-confesse-tout-le-mal-qui-a-ete-fait-en-Centrafrique-et-je-demande-pardon-2015-11-29-1386508