Article rédigé par Roland Hureaux, le 28 novembre 2015
Ce vendredi 27 novembre a eu lieu aux Invalides la commémoration nationale en l'honneur des victimes de l'attentat du 13 novembre. On considérera sans doute mal venu de rompre ce que certains tiennent pour un beau moment d'unanimité nationale. Tout écart peut sembler une offense aux morts que tant de familles pleurent. Mais nous devons à la vérité de dire que celui qui a présidé la cérémonie, François Hollande, est sans doute le moins légitime à le faire.
Certains proches des victimes se sont désolidarisés, alléguant les lacunes des systèmes d'alerte et les effets de la politique laxiste de Mme Taubira qui a conduit à sortir de prison plusieurs des terroristes qui auraient dû se trouver incarcérés et donc hors d'état de nuire au moment des faits.
Mais il y a bien plus grave. La gesticulation martiale du Président qui dit faire désormais une guerre totale aux terroristes occulte la réalité : le même président depuis trois ans — et dans le sillage de son prédécesseur —, loin de faire la guerre aux terroristes, comme le croit l'opinion, leur a envoyé des armes, des conseillers militaires et peut-être quelques soldats, dans les zones rebelles de Syrie et dans les camps d'entraînement de Jordanie et de Turquie. Cette aide s'est faite en violation d'un embargo sur les armes décrété tant par l'ONU que par l'Union européenne.
La France soutient les islamistes
En 2012, treize officiers français ont été capturés par l’armée syrienne lors de la reprise du califat islamique instauré dans le quartier de Baba Amr à Homs par la brigade Al-Farsouq et Al-Waleed. Cette dernière a ensuite rejoint les rangs de l’État islamique.
Les alibis de cette politique qui, en regard de l'impératif de protéger les Français, s'apparente à une trahison, sont doubles. Le premier : nous n'aidons pas Daesh (qui d'ailleurs n'existait pas il y a trois ans) mais Al Nosra (nouveau nom d'Al Qaida !) qui représente, dit-on, les rebelles "modérés" (c'est encore ce que vient de dire Washington) ou l'Armée syrienne libre.
Imposture bien entendu. Ces prétendus rebelles modérés partagent avec Daesh l'idéologie islamiste. Ils en ont les mêmes méthodes atroces comme le montre le massacre du village chrétien de Malula perpétré par eux. Il y a longtemps que les vrais modérés se sont retirés de la rébellion, si jamais ils y ont été. De fait, sur le terrain, Daesh et Al Nosra sont interchangeables.
Propagande contre propagande
L'autre alibi, ce sont les horreurs que l'on prête au régime de Bachar el Assad. S'il fait peu de doute que le président de la Syrie, toujours reconnu internationalement comme le seul gouvernement légitime, s'appuie sur une police politique de type soviétique, la propagande hystérique que lui opposent les médias occidentaux est exactement du même type, ce qui rend difficile de savoir où est la vérité. Une partie de ce qu'on lui a reproché s'est avéré faux comme l'utilisation de gaz ou le massacre de Homs, en réalité opérés par les rebelles.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas venu, lui, massacrer des Parisiens. Bien au contraire il était prêt à nous livrer des informations sur les djihadistes opérant en France, or M. Valls n'en a pas voulu.
Affairisme complice
Mais le plus abject dans l'engagement de la France auprès des djihadistes est que, derrière de grandes considérations morales, il intervient sur fond d'affairisme. Certes le conformisme atlantiste y a sa part, l'idéologie droit-de-l'hommiste aussi, mais le souci de satisfaire nos alliés et partenaires en affaires, Arabie saoudite et Qatar, encore davantage.
Lâcheté ou corruption ? Que l'on fasse des affaires avec ces pays gorgés de pétrodollars, soit, mais rien ne justifie de les laisser soutenir activement des mouvements islamistes qui veulent ouvertement notre mort. Encore moins de soutenir nous aussi ces mouvements.
Les Français commencent à prendre conscience de ces faits. Mais en ont-ils tiré toutes les conséquences ?
Pour le moment, François Hollande surfe sur le deuil national. Poses martiales et agitation diplomatique (que nos partenaires ne prennent sûrement pas très au sérieux) contribuent même à le faire remonter dans les sondages. Qu'en sera-t-il quand les Français auront enfin compris l'imposture que recouvre cette gesticulation en regard du soutien que nos dirigeants ont continument apporté aux djihadistes au cours des dernières années ?
Roland Hureaux
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