Article rédigé par , le 23 juillet 2015
Antoine-Joseph Assaf a plus d’une corde à son arc. Philosophe, écrivain, docteur ès lettres, officier de réserve, conseiller politique, conférencier, ancien otage au Liban… C’est en croisant ses multiples expériences et son érudition qu’il a écrit l’Islam radical. Son livre dresse un état des lieux géopolitique de l’islam, tandis que s’impose de plus en plus l’évidence d’une « troisième guerre mondiale par morceaux », selon l’analyse du pape François.
Les conquêtes de l’État islamique ne doivent pas tromper. « Aujourd’hui, constate l’auteur, tant par sa présence démographique que par ses manifestations violentes d’une expression radicale, l’islam joue son avenir et sa place dans le monde moderne. » Mais si depuis le 11 septembre, il a éclaté à la face du monde, l’islam radical ne date pas d’hier. La déclaration récente de Dalil Boubakeur proposant que les musulmans occupent les églises vides est symbolique de cette place difficile à trouver pour l’islam en France, mais aussi dans le monde.
Pour mieux comprendre les problèmes actuels de l’islam et de l’Orient, Antoine Assaf rappelle quelques points historiques. On ne peut comprendre l’islam que dans le contexte de sa naissance. « L’islam doit être compris dans la complexité du passé qui l’a vu naître, expliqué dans le présent de l’histoire vécue, discuté dans les perspectives de la raison pour que l’on puisse saisir son avenir. »
L’une des clés d’un islam apaisé se trouve dans la relecture du Coran à la lumière de l’époque dans laquelle il a été écrit. Une époque de guerre et de conquête, qui rend obsolète nombre de ses versets.
Mais l’islam est aussi un problème géopolitique, sans doute l’un des plus ardus. L’auteur donne un aperçu de cette « toile d’araignée » où tous les fils se touchent. Les mémoires, les mœurs sont imprégnées d’oppositions, souvent sanglantes : la division entre chiites et sunnites, bien sûr. La guerre entre islam et chrétienté, dont les braises n’ont pas été éteintes par Lépante. La question israëlo-palestinienne, à la fois cause et conséquence de bien de maux. Les conflits actuels trouvent leurs origines dans l’histoire longue.
Assaf conclut en citant saint Augustin : « Deux amours ont donc bâti les deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste » (La Cité de Dieu, XIV, 28). La réponse à l’islam radical est religieuse, mais à l’endroit : ce n’est pas l’homme qui se hisse vers Dieu, c’est Dieu qui s’abaisse jusqu’à l’homme. Sinon, la tentation de s’élever sans Dieu sera toujours la plus forte.
Théophane Leroux
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