Article rédigé par , le 21 mai 2015
APOCALYPSE. Si le terme a souvent été utilisé à propos de bien des choses, il semble particulièrement adapté pour décrire ce qu’a vécu l’Allemagne de janvier à mai 1945. Dans son dernier livre, Jean Lopez décrit avec minutie cette descente aux enfers des plus brutales. Ce sont Les cent derniers jours d’Hitler. Jour par jour, parfois heure après heure, le journaliste dresse dans son dernier livre une chronique de l’Allemagne nazie qui n’en finit plus de se consumer.
Hitler est souvent décrit comme n’ayant pris que des décisions contraires à toute logique militaire. Ce qui a accéléré sa chute. Mais sa logique était différente. Il avait deux objectifs : amener le règne millénaire du Reich, et se construire une légende de prophète « pour la postérité ». Le premier ayant été un échec, il ne manque plus pour le dictateur que de mourir dans ce qu’il croit être la gloire. Quitte à y entrainer son peuple, et à prolonger la guerre durant de longs mois. « La volonté de lutter jusqu’à la dernière goutte de sang était bien sa volonté. »
Nous suivons donc Hitler et la situation générale du front pendant les cent derniers jours de la vie du führer. Au fur et à mesure de l’avancée des troupes alliées, les fanatiques jettent leurs dernières forces dans la bataille. Si Hitler n’a plus de prise réelle sur le cours des choses, le simple fait qu’il soit encore en vie suffit « pour qu’en son nom on continuât à tuer et être tuer. » Désormais, celui qui recule, ou qui brandit un drapeau blanc est passible de mort. Des cours martiales volantes parcourent le front, et usent sans vergogne de leur force : elles ne doivent de comptes qu’à Hitler. Et celui-ci sait qu’il va mourir.
La chute est impressionnante par sa démesure, par sa brutalité, par les crimes commis par les camps adverses (le rappel aux camps des morts est constant, mais les crimes de guerres soviétiques ne sont pas oubliés) mais surtout par son absurdité. Tant d’hommes sont morts pour la gloire d’un seul qui, par orgueil, vanité ou folie, a amené son pays à la défaite la plus totale de l’histoire.
« Hitler, artiste raté […] a voulu faire de sa fin une œuvre d’art édifiante et apocalyptique, sombre et désespérée. Pour cela, il n’a pas hésité un instant à sacrifier des millions d’Allemands et d’Européens. » Le peuple allemand est à la fois bourreau et martyr. Et Hitler n’a pas atteint son deuxième objectif.
François de Lens
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