Article rédigé par François Billot de Lochner, le 13 mars 2015
Quels sont les enjeux des élections départementales des 22 et 29 mars ? Pour Manuel Valls et son gouvernement, l’objectif est clair : battre le rappel des électeurs socialistes en diabolisant le Front national. Piètre ambition.
Revendiquant la « stigmatisation » de ce parti, le Premier ministre, toute honte bue, ne mène pas campagne pour la France, mais contre 30% des Français. Il le fait avec une violence, une haine, une hargne, une brutalité, un sectarisme dont a pu se rendre compte la France tout entière : son invraisemblable intervention contre Marion Maréchal-Le Pen à l’Assemblée nationale, mercredi 11 mars, peut laisser penser que l’homme est incapable de se maîtriser, et ne sait que débiter à la façon du métronome des mots vides de sens, inlassablement répétés, accompagnés d’une gestuelle effrayante.
On serait pourtant en droit d’attendre que le chef du gouvernement s’attaque aux vrais problèmes. Mais la lutte contre le chômage, l’insécurité, le terrorisme semble s’effacer au profit de l’acharnement de l’idéologue forcené contre le FN. Il n’y a pas de pilote dans l’avion, nous en prenons acte.
Pourtant, les élections à venir ne sont pas dénuées d’enjeux. Au contraire. Bien que l’on ne connaisse pas encore les attributions précises à venir des départements, ceux-ci devraient toujours gérer l’aspect social de la vie publique. Plus précisément, leur action concerne l’enfance, les personnes handicapées, les personnes âgées et la distribution d’aides sociales (le RSA, notamment). Ces élections sont donc décisives pour la vie locale et ont une influence sur la vie quotidienne de chacun d’entre nous. Nos ministres étant si éloignés du quotidien, on ne s’étonnera finalement pas qu’ils s’y intéressent si peu.
Les départementales seront un test grandeur nature. Le gouvernement va – une fois de plus – se retrouver seul en face de son échec. Nos gouvernants sont conscients de ce qui les attend dans les prochaines semaines. Ils en paniquent et ne savent que faire, à part se rejeter la faute de leurs échecs… et anathématiser le seul parti qui, au fond, n’est responsable de rien ! Comme des poulets sans tête, les socialistes tournent en rond, et ne font guère que brasser de l’air.
À deux ans des présidentielles, chaque parti va pouvoir se jauger, et surtout prendre connaissance, de façon irréfutable, de son ancrage local et de son poids national. S’il est vraisemblable que le FN fasse un bon résultat et que le PS s’effondre, l’avenir est plus flou pour l’UMP. Nicolas Sarkozy peut s’interroger sur le nom de son futur parti, il a surtout tranché sur un point capital : son parti sera un grand rassemblement du centre et de la droite actuelle. Autrement dit, une peau de chagrin, puisque la majorité des sympathisants de l’UMP souhaite des alliances avec le FN.
Les résultats de l’élection donneront donc des indications précises pour l’avenir. Il faudra sans aucun doute envisager une recomposition de la droite si l’UMP et son président s’obstinent à s’enferrer dans leurs erreurs. La tête partant à gauche, et la base à droite, il y a fort à parier que cela ne tienne plus très longtemps : un boulevard s’est ouvert pour tous ceux qui se situent entre l’UMP et le Front national.
Il sera également intéressant de peser le rôle de la société civile dans cette élection. Celle-ci tend à prendre une place de plus en plus importante dans le débat politique. Dans la lignée des élections municipales, un grand nombre de listes se sont constituées hors système pour les départementales. Loin des partis, avec des candidats qui, le plus souvent, ne sont pas des habitués de la politique politicienne, mais que leur sens du service et du bien commun rend parfaitement apte aux responsabilités politiques.
La société civile apporte un vent de fraîcheur bienvenu dans le débat politique. Ses listes représentent ce que les Français ne trouvent plus chez les candidats habituels des partis, souvent plus occupés par leurs propres affaires que par la souffrance des Français. Non conformes au Système, tel qu’en parlait le général De Gaulle, elles ont été l’un des beaux fruits du printemps 2014. La cuvée 2015 devra être analysée de près !
François Billot de Lochner
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