Le grand écart libéral-libertaire de Manuel Valls
Article rédigé par Denis Lensel, le 02 septembre 2014

Depuis qu’il a effectué sa rentrée comme Premier ministre d’une France enfoncée dans une crise économique, sociale et politique abyssale, Manuel Valls est un homme plein d’amour : après avoir déclaré la semaine dernière aux patrons qu’il « aime l’entreprise », il est venu crier à ses petits camarades souvent fâchés du Parti socialiste qu’il « aime la gauche ».

Il n’est pas allé jusqu’à dire qu’il « aime la droite », parce que les lois de l’acrobatie et de l’équilibrisme ont leurs limites. Mais il a déjà dit à la télévision, au journal de France 2 devant David Pujadas, qu’il « aime la France », son pays, ce qui peut concerner tous les Français, après tout, avec un peu de bonne volonté. Bientôt, outre un reste de laïcisme, il s’écriera peut-être dans un élan de tentative de rassemblement du peuple français : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté », en pensant très fort aux électeurs aujourd’hui désappointés.

Cependant, pour les idéologues sociaux-marxistes de la gauche du PS qui ne peuvent plus l’« encadrer », M. Valls s’est montré prêt à jeter du lest depuis le petit nuage de son ballon d’oxygène électoraliste : il a autorisé la municipalité rose de la ville de Paris à poursuivre l’encadrement des loyers, et a laissé Martine Aubry, la très dogmatique « Dame des 35 heures », faire de même depuis sa tour d’ivoire du beffroi de Lille.

En outre, quand Mme Christiane Taubira, ministre de la Justice et idéologue en chef, a fait mine de le défier en rejoignant les députés PS « frondeurs » dans leur bastion du congrès de La Rochelle, Manuel Valls n’a pas fait tirer au canon contre elle. Il a au contraire feint de la considérer comme une alliée fidèle au sein du gouvernement fraternel toujours rassemblé sous le signe du bon M. Hollande, ce pasteur sempiternellement conciliant plein de mansuétude pour ses ouailles même égarées.

Libertaire

Et puis, s’il s’est montré un tant soit peu libéral en matière d’économie vis-à-vis d’un patronat en quête de marchés, Manuel Valls reste libertaire sur le plan « sociétal » : outre une patience prolongée à l’égard de Mme Taubira dans ses dérives gauchistes, on en a pour preuve flagrante le fait d’avoir propulsé au ministère de l’Education nationale la jeune et ambitieuse Najat Vallaud-Belkacem, propagandiste des ABCD de l’égalité, cache-sexe — si on peut dire — de l’idéologie du « genre ».

Il est vrai que quand on aime à ce point tout le monde, entreprises, entrepreneurs, militants socialistes au présent ou au passé, même les plus remuants, au nom des « grands principes de la gauche », on ne peut que rester dans la ligne du « mariage pour tous », et de ses lendemains qui chanteront, tôt ou tard, le chant d’un nouveau départ. Mais, avec 75% de Français qui restent sceptiques quant aux possibilités du nouveau gouvernement Valls II, pour un bon Républicain, quel sera exactement ce chant du départ ? D.L.

 

 

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